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Écrits de Marc Hodges
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15 décembre 2013

comme le temps passe

Comme le temps passe, Zita et Stanislas se heurtent aux murs de leur prison doré comme des oiseaux exotiques ; ils ne peuvent plus imaginer vivre l’un sans l’autre : «Ta place dans mon cœur est tout mon cœur, nulle place pour une autre créature à ta place, mon âme t’a placé entre ma peau et mes os, comment faire si je te perds ?», Stanislas, un matin, a tracé ces deux vers d’Hussein Mansour Al Hallaj sur le givre des vitres… «Tu te révèles à moi comme si tu étais en moi…» Parce qu’il est tout amour, il ne fait pas de différence entre l’amour et l’amour mystique, il vit dans une exaltation absolue et permanente et, à cause d’elle, au fur et à mesure que le temps s’écoule, sent monter en lui l’angoisse de la séparation. Il la refuse de tout son être, se tend contre elle, imagine des solutions : le suicide, mais ils ont trop le goût de vivre pour y penser sérieusement ; la fuite, mais où pourraient-ils fuir pour être mieux cachés qu’ici… Il propose à Zita de ne pas rentrer chez elle, rester ici avec lui… Apatrides, la vie ne leur sera pas facile mais il est quand même en partie ouzbek, il a des amis, des relations, il sait qu’ils pourraient exister ainsi. Zita ne dit d’abord rien, elle hésite, embrasse Stanislas, lui fait comprendre qu’elle ne peut pas, qu’elle l’aime, qu’elle n’imagine pas possible de se passer de lui, mais qu’elle ne peut pas… Elle se serre plus fort encore contre lui, promène sa bouche sur tout son corps… Je ne peux pas, j’ai laissé là-bas ma famille, mes amis et j’en suis garante. Si je ne rentre pas, tout peut leur arriver. Comprends-moi — elle mordille ses lèvres, son oreille —, je ne peux pas les vendre pour me sauver. La vie après me serait impossible… Il lui offre de la suivre en Roumanie, mais cette solution non plus elle ne peut l’accepter car elle sait que leur vie commune est là-bas inimaginable, ils seraient aussitôt repérés, arrêtés, lui — au mieux…— expulsé, au pire assassiné, certainement jeté en prison sans ménagements… Elle l’embrasse avec plus d’intensité encore, son ventre nu se colle à son ventre, une de ses mains souligne la courbe de ses fesses… Il insiste : et si nous allions en France, le consul de France à Tachkent est mon ami, il s’appelle Élisée Espardelle, je sais qu’il acceptera de faciliter les formalités nécessaires pour que tu sois accueillie comme réfugiée politique… Le corps de Zita se love contre le sien, il sent son sexe chaud contre son sexe… Elle refuse : pas maintenant, maintenant c’est impossible… Je te l’ai dit, il faut que je rentre, je n’ai pas le choix, ne me demande pas l’impossible… Embrasse-moi, serre-moi, ne gâchons pas nos dernières heures… Une fois encore ils se noient dans l’amour, s’y jettent comme dans un gouffre…

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