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Écrits de Marc Hodges
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22 mars 2013

départ clandestin


« Sender: buttazzoni@altern.org
Date: Sun, 20 May 2001 21:31:09 +0900
From: Augustine Buttazzoni <buttazzoni@altern.org>
Reply-To: buttazzoni@altern.org
X-Accept-Language: en
To: Jean-Pierre BALPE <jbalpe@away.fr>
Subject: Re: Mail-roman "Rien n'est sans dire", courrier N° 40

La Lozère : Florac, Mende, Saint André de Cubsac, Saint Pierre des Tripiers, oh, oui, le soleil écrasant, les cailloux, la soif, la marche. Les romans d'amour doivent toujours se situer dans des lieux de transit, pas dans des lieux de rêves. Pourquoi est-ce que je réponds sur les détails plutôt que d'essayer de déchiffrer la logique, l'organisation du texte, les clés ?

Annick Buttazzoni (buttazzoni@altern.org) »

Y a-t-il vraiment des lieux pour les sentiments et s’agit-il vraiment d’un roman d’amour ? Vous seuls pouvez en décider… Quant à la « logique de l’organisation », j’ignore si la vie en répond.

Mende, hôtel du Lion d’or…
Vous aimez mes lettres, vous le dites au moins: elles vous sont nécessaires et cela me va droit au cœur… Comment alors ne pas avoir quelques remords devant leurs inconséquences car je sais tout ce qu’il y a en elle d’incomplétudes mais ni vous ni moi n’avons le temps de lire dix pages par jour et je ne voudrais pas vous imposer cette lecture au-delà du raisonnable. Je suis donc bref, par suite incomplet; pourtant je ne dois pas être incohérent et il faut m’expliquer… C’est en mai 1987, que Stanislas est allé chercher Zita à Budapest et, payant un passeur, lui a fait quitter les pays de l’Est. Quinze jours avant en effet, au mois d’avril, Pacôme avait eu à nouveau l’occasion d’aller à Bucarest: il devait préparer l’orchestre symphonique roumain pour une tournée dans quelques républiques populaires, dont la Bulgarie. Or, Zita depuis quelques temps, faisait passer à Stanislas des messages angoissants, disant que, pour elle, la situation était devenue intenable: non seulement elle était la cible constante de menaces diverses, non seulement on lui interdisait de travailler mais, de plus, un soir de décembre 1986, rentrant chez elle près de la maison des écrivains — pourtant un quartier chic et sûr…— agressée brutalement par deux inconnus masqués, jetée à terre, dépouillée de ses vêtements, elle aurait certainement été violée si, par hasard, un groupe de personnes sortant d’une maison proche n’avait chassé ses agresseurs. L’avertissement était clair, plus rien ne pouvait la protéger… Elle était persuadée que, depuis leur dernière rencontre à Namangan, fin 1983, la securitate se méfiait d’elle : elle n’avait plus obtenu d’autorisation de quitter la Roumanie et ses harcèlements avaient commencé à cette époque. Pressé par Stanislas, Pacôme accepta le risque de l’aider, il paya très cher sa traductrice habituelle pour qu’elle se rendit malade, ne puisse pas l’accompagner dans sa tournée et s’entremette auprès du responsable du bureau des interprètes qui désigna Zita. Ce ne fut pas très facile mais, à cette époque-là, dans l’extraordinaire pénurie roumaine, quelques milliers de marks permettaient d’acheter un certain nombre de consciences… Si ses complices risquaient beaucoup, Pacôme lui ne risquait pas grand chose : une expulsion de Roumanie, l’abandon de son travail avec l’orchestre symphonique… Rien qui ne soit vital pour lui d’autant que, si l’orchestre devait revenir sur Bucarest, lui-même devait quitter Budapest pour Vienne. Tout se passa bien: à Budapest, le soir même du dernier concert, Zita disparut. La responsable politique du voyage eut beau s’agiter, exiger des explications, essayer d’ameuter une police bulgare plutôt goguenarde: personne ne l’avait vue… Tous étaient entrés dans l’opéra, tous l’avaient vu dans les coulisses puis l’avait oubliée pendant le concert. Rien de plus… L’ambassade de Roumanie demanda des explications à Pacôme mais, à sa grande surprise, elles semblaient plutôt formelles comme si les employés n’en avaient rien à faire. D’ailleurs, à sa connaissance, il n’y eut pas de suites et ses relations avec la Roumanie restèrent convenables.

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