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Écrits de Marc Hodges
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4 avril 2011

État amoureux

Peu à peu nous nous isolions dans un bonheur qui, nous protégeant du reste du monde, nous rendait aveugle à ce qu'il avait de concret et de réel. Nous existions en dehors du monde et celui-ci existait en dehors de nous. Nous nous aimions, nous passions nos journées à faire l'amour" ce qui était moins un besoin de sensualité pure qu'un désir dtre au plus prés l'un de l'autre, si nous avions pu chacun de nous aurait accepté de dissoudre son corps dans celui de l'autre, à dormir quand nous étions trop fatigués, à manger un peu, n'importe quoi tant ctait devenu secondaire, à nous promener main dans la main dans les parcs et les bois où il nous arrivait de chercher encore un taillis isolé, un sous-bois moussu à labri des regards pour faire lamour encore.

Nous oubliions le monde il ne nous oubliait pas. En mai 1988, Gilberte a échoué à tous ses examens: elle eut, avec son père, qui jusque là ne s’était guére manifesté une conversation téléphonique trés dure. Elle était sans bourse et sans ressources propres. Il lui dit qu'il ne voulait pas continuer à l'entretenir de cette façon, que si elle voulait faire des études, il lui fallait réussir, qu'il ne comprenait pas ce qui se passait parce qu'elle avait toujours été jusque là une étudiante peut-étre pas brillante mais au moins moyenne Bref il lui demandait des comptes.

Je gagnais peu dargent moi-méme. Et je navais ni régularité ni certitude sur ce point. Ctait la merde. Difficile de vivre à deux sur mes maigres ressources. Il allait falloir prendre une vraie décision car nous ne pouvions plus nous laisser vivre comme nous l'avions fait l'année précédente. Ce qui était sûr, c'est qu'il était hors de question de se séparer. Gilberte en informa son père dans une conversation téléphonique plutôt houleuse: Je veux vivre avec Marc ! Je ne connais pas de Marc Je ne veux pas le connaîtreMais papa Il n'y a pas de mais ou tu finis tes études et nous parlerons sentiments après ou tu fais ce que tu veux mais alors il ne faut pas compter sur moi. — Papa ! Tu ne m'auras pas par les sentiments Je n'ai ni temps ni argent à perdre. Tu es assez âgée pour prendre tes décisions mais ne me prends pas en otage Rappelle-moi quand tu auras réfléchi. Il avait raccroché

Je dois avouer que, jusque là , cest plutôt largent de Gilberte qui nous permettait déassurer le quotidien. Je navais pas peur de travailler mais je ne savais rien faire. Mon passé ne me donnait aucune référence sérieuse et l’écriture me permettait juste de vivoter tout seul. Jassurais le gîte. Pour le couvert c’était plus difficile Ne parlons pas de superflu. Par ailleurs je navais pas envie que Gilberte travaille. Elle navait jamais travaillé. Destinée à la petite entreprise familiale, elle navait pas appris grand chose et, de plus, je voulais la garder avec moi le plus longtemps possible. Notre bonheur était un peu froissé.

PS. Dans tout ça, jai un peu délaissé Balpe et vous devez vous demander où nous allons. Patience…

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