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Écrits de Marc Hodges
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10 mars 2009

Fouille

Montréal, dimanche 20/12/2015, 14:41:35


Seul dans la chambre 1534, Baker, mains gantées de caoutchouc pour ne pas détruire d’éventuels indices, poursuit son examen minutieux de la garde-robe. Il fouille toutes les poches des vestes et pantalons. Il y prend un certain plaisir… Ne se dépêche pas.

La récolte est maigre…

D’une des poches d’un des deux smokings — un blanc en soie, un autre en drap de laine noire aux parements finement brodés de soie, également noire — il a extrait un ticket du Metropolitan Opera de New York pour South de Kenton Coe, soirée datée du 25 octobre 2015. De la poche intérieure d’un pardessus de grosse laine Prince-de-Galles, une facture de taxi parisien datée du 3 décembre de la même année. D’une autre poche d’un pantalon fuseau une petite clef dorée, vraisemblablement de valise, de cartable ou d’attaché-case. De la poche intérieure d’une veste noire cintrée signée Ted Lapidus, un carton d’invitation pour une exposition à la galerie Staedtler de Munich datée du 15 novembre… La victime voyageait beaucoup. Ça n’a rien d’exceptionnel… La population du globe est devenue nomade. Avec un peu de chance, si cet homme possède des cartes de crédit, on pourra reconstituer la totalité de ses itinéraires, achats, séjours à l’hôtel… Sinon, il faudra enquêter sur ses paiements par smart cards. Ce sera plus difficile !

Ce qui surprend Baker, c’est que, pour l’instant, il n’a aucune idée de l’identité du mort. Bien sûr, l’examen du fichier informatisé des entrées de l’hôtel lui apprendra avec quelle carte de crédit la porte a été ouverte. Il lui permettra, si ce n’est pas une carte volée, de retrouver l’identité de son possesseur. L’anonymat complet de ce mort l’ennuie. Ni papier, ni badge d’identité, pas le moindre organizer, pour un homme de son niveau économique, c’est assez surprenant.

Baker revoit la victime à son entrée dans la chambre : un peu plus de trente ans, brun, cheveux longs, visage mongoloïde — Asie centrale ou Sibérie. Étranglé. Un rapide examen de l’hématome autour de son cou ne laissait aucun doute sur son assassinat. Sans doute avec un lacet, une cordelette assez fine pour tatouer une marque nette sur les chairs, assez épaisse, mais assez souple, pour ne pas entamer la peau… Corde à rideaux — mais celles de la chambre n’avaient pas servi  ; ficelle de colis — mais il n’y en avait nulle trace repérable ; cordon électrique — mais aucun fil de lampe n’avait été coupé ; ruban pour orner un cadeau — mais il n’y en avait aucune trace… Les analyses du laboratoire permettront certainement d’en savoir davantage. Allongé sur le lit ouvert, complètement nu, il ne semble pas s’être beaucoup débattu. À moins que son assassin n’ait remis de l’ordre, ce qui paraît peu probable. En tout cas, il n’a pas été surpris : aucune trace d’effraction, ni de lutte. La victime devait connaître son assassin.

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