Histoire de la bonne (1)

La conversation s’étant mal engagée, la situation devenait dramatique pour la charmante petite bonne qui aurait dû se retirer mais, sensible au charme aristocratique un peu décadent de Wilfrid d’Eurymédon, avait de plus en plus envie de rester… Elle ne savait trop s’il lui faisait un reproche ou un compliment. Elle répondit avec un naïf a-propos : Oh, Monsieur… (ceci dit du ton neutre correspondant à celui que chacun d’entre vous attribue à la neutralité).

Histoire de la bonne

Putarasse, toujours fourrée dans les futaux celle-là ! Pourtant ça devient grand… A ton âge faut pas taquiner les hommes, nom de Dieu, putain de gamine, toujours là à vous emmerdouiller, à feignasser, nez en l’air dans les pattes des garçons… c’est pas catholique une enfant pareille. Si j’étais ton père… Y a longtemps que je t’aurai envoyé chanter matines aux bonnes sœurs des champs. Ôte toi que je te dis, faut quand même que je tourne les herbes, si tu crois que c’est du plaisir de fâner comme ça avec toi toute rondouillette à crapauter dans la luzerne… Ça t’emberlificotterait plus d’un gars des cuisses fermes et roses comme les tiennes…

Le coup de fourche vigoureux tourne la touffe d’herbe fauchée projetant mille petits insectes sauteurs dans un feu d’artifice de poussière: Au moins, baisse le capot, t’expose trop le moteur. A ton âge, tout de même, si on dirait que t’as fait ta première communion aux premiers labours de l’année… t’es un beau brin de femelle maintenant, faut pas que t’oublies ça ! Allez, ouste, pousse-toi que moi j’ai de l’ouvrage… et cesse de me lorgner comme ça, tout comme si tu voulais m’empatuffer… T’es rien bête, tu sais, avec moi ça prend pas ces trucs, t’as fait le pari avec la Marthe pour sûr, si tu crois que je vais me laisser posséder ! Baisse ton sarau que je te dis, c’est pas chrétien de montrer ses fesses à la nature… Y a des choses qui se font pas… et ça, ça peut pas se faire…