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Écrits de Marc Hodges
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20 mars 2007

Veillée d'arme (Récit de Claude Norpois 5)

Plus loin, dans cette nuit d’octobre 1577, hors de la clairière, groupés sous la garde de quelques hommes, dans les odeurs de champignon et de pourriture du sous-bois, des chevaux qui, par instants, s’ébrouent, se déplacent calmement, tapent du sabot le sol couvert de mousse, brisent des branches basses, mâchent quelque brin d’herbe piqué çà et là.

Plus loin encore, hors de vue du campement, quelques hommes isolés, en sentinelle, surveillent le chemin qui, de Mende, traversant les bois, monte vers le village de Ribennes.

Plus loin encore, seul, dressé près de la source, scrutant la saignée du ruisseau, Mathieu Merle, s’efforce à deviner les murailles de Mende, à saisir, dans la limpidité froide de cette claire nuit d’automne, un reflet de lune sur les hautes pointes aiguës des clochers, n’y parvenant pas cependant, imaginant les hautes murailles veillées par dix neuf tours seulement percée de cinq portes, sûres de leur récente réfection, pensant au fossé qui enserre le tout, aux provisions dont regorgent les greniers, aux hommes d’arme de Philippe de Boisverdun, à la multitude des prêtres qui s’abritent là, à la richesse de cette église qu’il déteste, à la difficulté qu’il y aura à s’emparer de tout cela… Et le poing se crispe sur sa dague, ses traits durs se durcissent, ses mâchoires se crispent dans ce désir de conquête, de vengeance et de richesse mêlés, désir de puissance, volonté d’imposer sa force, sa haine et sa foi à ceux-mêmes qui se croient les moins menacés.

Plus loin encore, encore paisible, silencieuses dans le froid, les forêts glissent vers la vallée du Lot, recouvrent au passage les villages endormis du Mas et de Chanteruéjols, insouciants dans leur ignorance du danger et qui, demain, vont soudain se réveiller dans l’effroi, pillés, détruits, violés, par ses soudards qui, là-haut, peu à peu, s’endorment.

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