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Écrits de Marc Hodges
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21 février 2007

Règle d'écriture numéro 3

3.Toute description provoque en nous une impression globale dominante qu’il faut faire sentir au lecteur.

Chez moi, c’est une impression de désordre, de confusion… de vie… Je pense qu’il en est ainsi. Non que ce soit vraiment ce que je veux mais, à me relire, ce que je voudrais… Ce que je voudrais c’est une impression de régularité, calme, monochromie. Un paysage vide endormi à l’aube ou un animal qui dort, paisible, un chat enroulé sur lui-même, tête dans queue attendant la main pour la caresse. Peut-être qu’alors un ou deux mots suffiraient, par exemple: dans le calme du matin la petite ville s’éveille ou, plus philosophique, rien ne se passe ici qui ne s’y soit déjà passé, chaque matin se réveille dans les pas de celui qui le précède. Mais alors mon frère risque une mauvaise note, trop court. Pourtant, pour rendre ce que je vois de cette fenêtre, le mieux serait encore la page blanche ou pas totalement blanche, un mot, habitude ou silence… Je ne sais pas. Faut trouver un équilibre.

A ces trois règles, madame Dubreuil a ajouté deux conseils. Elle a bien précisé que ce n’étaient pas des règles, mais des conseils. C’est souligné de deux traits rouges dans le cahier. A l’époque, je traînais toujours des crayons de couleur en classe et je soulignais, je soulignais… Un vrai régal, des traits de toutes les couleurs. Chacune avait alors une signification bien précise. J’ai oublié. Et même si je m’en souvenais, nous ne serions pas beaucoup plus avancés. En tous cas, le rouge c’était sérieux, solide, important, fondamental, à ne pas oublier, formule à retenir le plus longtemps possible. Après? Le rose? Toujours est-il que Madame Dubreuil aimait bien ces traits de couleurs, ça donnait un aspect plastique à mes cahiers, un peu art moderne (ou contemporain ou post-moderne allez savoir). C’est plein de «bien» dans les marges, avec des dates et une jolie signature fine, nerveuse, racée, féminine. Le professeur d’allemand ne devait pas s’ennuyer. Homme à fine moustache, élégant. Il avait une vieille voiture vert-poire, ce qui lui ôtait une part de son charme, mais tout de même, sans sa voiture, il était attirant. Du moins il m’attirait. Il est parti. Des ennuis. On dit en ville qu’il a eu des ennuis, on le dit aussi au lycée. On n’en sait pas plus, on murmure, puis on oublie. Les Dubreuil aussi sont partis, l’an dernier. Le professeur d’allemand c’était il y a deux ans. Enfin, moi, tout ça, ça ne m’intéresse pas vraiment. Ce qui m’intéresse, ce sont les règles et leurs conseils.

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