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Écrits de Marc Hodges
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4 octobre 2006

Saint Yves

Comme mademoiselle Gilberte, l’autrefois belle cuisinière, remuait ses casseroles, Wilfrid opta pour une visite au ménage de la Vierge et, ainsi rassuré son l’emploi de son après-midi, se laissa confortablement aller dans son fauteuil, réprima un léger renvoi et commanda un café:

- J’ai envie d’aller au ménage de la Vierge… Vous me donnerez un café s’il vous plaît?

Quelques secondes après, café bu, cigarillo allumé, cravate rajustée, Wilfrid sortit de l’hostellerie du roi Artus et, par la rue des cendres, la rue de Berrien et l’allée Violette, se dirigea vers le lieu dit «ménage de la Vierge».

Place Aristide-Briand-orateur-et-homme-politique-français-animateur-de-la-S.D.N. où, comme tous les jeudis se tenait la foire aux cochons, Wilfrid remarqua une fois de plus la diversité, la grâce, la magnificence des coiffes bretonnes, toujours inconsciemment attiré par la bigoudenne qui l’avait attirée dès son arrivée dans la région. Chez Penbleiz (commerce en tous genres, tabac, allumettes, papiers…) il acheta une carte postale de la statue de Saint Yves accueillant la supplique d’une pauvresse et refusant la bourse d’un riche… Wilfrid était athée ce qui ne l’empêchait nullement d’éprouver une attirance incertaine — peut-être due à ses sentiments artistiques ou à son appétit pour le calembour — pour les statues de saints. Il la rédigea ainsi:

«Cher ami
Je passe un merveilleux séjour en Bretagne où la naïveté et le charme du folklore ne laissent pas de me surprendre. La Bretagne est effectivement spécifique. Les crêpes délicieuses. Meilleurs souvenirs.
Wilfrid d’Eurymédon»

Il l’adressa à M. Blayo, Direction du recensement des bestiaux, 5 rue des Saint-Pères, 75006 puis, d’un pas léger, conscience en paix, reprit sa route en sifflotant l’air célèbre des carabiniers, attitude qui lui donnait une allure martiale lui conférant une séduction toute italienne malgré l’embonpoint léger qui avait une fâcheuse tendance à décintrer ses chemises.

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