D'Albertine à un inconnu

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Écrire l'amour n'est-ce pas le vivre un peu... J'aurais tant aimé recevoir de vous de pareilles lettres d'amour ! Je ne vis que dans la mémoire des minutes passées avec vous - qui tiendrait une place plus grande dans les plaisirs que j'attends ? La passion — qui n'est jamais sans anxiété de déplaire — me fait imaginer que vous avez pu changer de sentiments. Ne prenez pas garde à mes paroles qui sont paralysées. Rien à voir. Vous ne pouvez deviner l'horrible crise que vous m'infligez... Mon cœur tremble d'être vôtre !

Je vous aimerai toute la vie encore plus, s'il se peut, que je ne vous aime à présent - je veux vous forcer d'aimer. Alors j'aime trop pour m'emporter contre vous : jugez ce que je sens pour vous, je suis sorti d’auprès de vous avec le Paradis au-dedans de moi... N'êtes-vous pas ce que la nature a créé de plus admirable, de plus splendide ?

Vous ne pouvez comprendre l'horrible rage que vous m'infligez; j'attendrai donc de vos nouvelles avec impatience, vous êtes le plus beau.

Adieu, servez-vous de moi!…