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Écrits de Marc Hodges
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20 novembre 2011

Les FIVE ANGELS

Joan :
Parlons plutôt de lui, n’est-ce pas… Que te dire ? J’ai cru trouver une étoile, j’ai recueilli une épave… Une épave…

Becky :
Une épave ?

Joan :
Oui, une épave, tu le sais bien, un beau navire presque détruit incapable de supporter le vent du large. J’ai essayé d’être celle qu’il aurait voulu être. Sa voix, son succès, sa musique… Tu vois où ça m’a mené… Parle-moi plutôt de vous…

Becky :
Nous… C’est loin… Je l’ai connu au lycée, un petit orchestre de rock, il avait créé un petit orchestre de rock. Son Dieu c’était Elvis, son Cantique des cantiques, Heartbreak Hotel. Banane, mobylettes, jeans étroits et blousons de cuir noir. Pour ma génération, c’était l’incarnation de la révolte, la liberté. On chantait notre mal être adolescent, la haine du monde qui nous était légué avec ses ruines. Partout les peuples se massacraient comme d’habitude, chacun cherchait comment donner la mort la plus efficace… Une époque où toute parole était codée et où ner pouvait parler vraiment de rien qui nous intéressait. Désirs de liberté et de révolte : on se contentait de ne rien foutre au lycée… Mais nous pensions ouvrir un nouveau monde. Souviens-toi…. Les possibles du désespoir.

Elle fredonne quelques vers d’une chanson rock :

Pas douée pour le monde réel
Quelques nuages apparaissent
Quelle importance de savoir
Avec qui j'ai couché
Ma vie est sans saveur
Reste, faut que tu restes
Tu me remplis d'espoir (refrain)

Joan, reprend avec elle le refrain. Elles éclatent de rire… Ensemble :
Le rock comme début d’un monde nouveau…

Becky :

La fuite dans une religion de la musique. C’était pas mal, il y avait plein de notes, des harmonies qui remuaient nos neurones. C’était notre drogue… Même si rien n’a été aussi simple.

Becky et Joan ensemble :
Quelle naïveté…

Becky pendant que Joan vide son verre et lui sert un verre de vin :
Et nous étions ses prêtres… (un temps) Ça c’est fait comme ça : une veille de vacances, son petit orchestre s’est produit dans le gymnase du lycée. Tout de suite, tout de suite, j’ai su que je voulais être avec eux. Ils m’ont acceptée. Je suis devenue leur chanteuse. Simple, normal. Les adolescents n’attendaient que ça. On aurait dit qu’ils n’attendaient que nous…

Joan :
Le Crazy Bar…

Becky (d’un geste ample et un peu théâtral, elle montre la salle) :
Oui, très vite le Crazy Bar, un troquet encore plus crado que celui-là. Il était au père de Claude, enfin, Joe, le drummer. Cent places à tout casser. Mais très vite, plein tous les soirs. La folie… Pas comme ici…

Joan :
Pas comme ici ? Les temps ont changé… qu’est-ce que ça peut te foutre ?

Becky (sourire un peu venimeux) :
Rien, rien, je disais ça comme ça… Faut dire nous avions de la gueule. The FIVE ANGELS, on se faisait appeler les FIVE ANGELS — notre connaissance de l’anglais était limite… Mais ANGELS, ça nous allait bien. Nous étions beaux comme des dieux, lui surtout cheveux gominés noirs, banane conquérante et sourire de chacal. Ça en jetait. J’étais pas mal non plus… Une vraie gueule carnassière…

Joan (un peu irritée) :
Je sais, j’ai vu des photos d’époque.

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