De Saniette Gallardon à Ronald Cline
Est-il possible, Ronald, que vous n'ayiez point la
connaissance de l'amour que je vous porte; je vous en prie ne déchirez pas
cette lettre sans la lire. Ronald, mon inexplicable amour - le chemin sinue à
l'ombre entre deux pentes ; de petits buissons la bordent; vous êtes mon
soleil, mes étoiles, mon espace - je tremble quand j'y pense… je marche dans Recloses et je ne pense qu'à vous qui tiendrait une place plus grande dans les voluptés
que j'attends, qu'une femme est à plaindre quand elle aime; j'ai exactement
votre âge - je donnerais tout au monde pour vous voir, à Recloses…
J'ai une satisfaction secrète à penser que vous aimez moins que moi, si je ne
vous aimais avec virulence, prendrais-je garde à vos duperies, ma tête tourne,
je pense tout le temps à vous. Je ne sais plus quoi faire de mes mains.
comment vous dire tout ce que j'ai à dire; le mot passion
me tient lieu de pain, de vin, de raison de vivre, se peut-il que vous ne me
donniez jamais un motif de volupté or je crois tout savoir sur l'amour… je
mâche continûment la saveur de vos baisers - dans le ciel, les nuages écrivent
à tout instant votre nom; je me veux nettoyée de toute impression humaine.
Les trouvères chantent intarissablement… la petite place
grille sous le soleil tonitruant, atressi con Persavaus, el temps que vivia
(comme Perceval je suis).
Je suis fâchée contre moi-même de vous aimer à ce point; j'ai
besoin de vous. Pourtant, je ne me pardonnerais pas, Ronald, de vous importuner
toujours.
Ronald, Ronald, n'oubliez pas Sany qui se rêve vôtre…
prenez moi en pitié.
Sany