Taddeo da Parma
— XXVIII —
Sion, mercredi 23/12/2015, 23:43:33
Il a neigé tout le jour.
Une couche de neige souple, crissante, maintenue vive par le froid. Sous la
surbrillance de la lune, la blancheur de la neige creuse les perspectives de la
ville. Les ombres chinoises des montagnes se découpent avec netteté sur le noir
encore bleuté d’un ciel troué d’étoiles.
Quand le train de Genève entre
en gare, les rues de Sion sont obscures, figées dans le froid. Peu de
voyageurs: une jeune femme tenant par la main une fillette d’environ dix
ans, un couple de personnes âgées, un jeune homme blond au crâne presque rasé,
plutôt grand, vêtu d’un jean anthracite, d’un anorak de duvet rouge vif avec un
sac à dos bleu marine. Tous sont attendus sur le quai. La jeune femme et son
enfant par un homme âgé dans les bras duquel la fillette se précipite en criant
“papy” ; le couple par un homme d’une quarantaine d’années qui les
embrasse ; le jeune homme par deux autres hommes, jeunes aussi, vêtus
comme lui, cheveux aussi courts, qui inclinent la tête à son approche, se
mettent la main droite sur le cœur puis, comme pour le laver, passent leurs
deux mains sur leur visage.
Chaque groupe va de son côté…
Sans un mot, les jeunes
hommes remontent l’avenue principale jusqu’à la Placette. Ils tournent à droite
devant l’archevêché, traversent les petites rues anciennes du centre-ville, la
rue du Pont, empruntent une des rues étroites montant vers les ruines médiévales
du château de Valère.
Ils entrent bientôt par
une petite porte latérale dans un hôtel particulier du XVIéme siècle. Une
plaque indique: Centre Théïa de Méditation Relaxative.
- Taddeo da Parma, notre Maître,
désire te voir dès ton arrivée, déclare un des jeunes gens à celui qui vient de
descendre du train.
- Je suis à sa
disposition !
- Suis-moi!
Ils parcourent un long
couloir voûté, montent les trente marches d’un escalier en colimaçon. Le guide
frappe à une porte basse. Une voix d’homme se fait entendre :
- Qu’y a-t-il ?”
- Notre frère David vient
d’arriver !
- Qu’il entre !”