De Bréauté à Elizabeth Fisher
Je suis certain, Elizabeth, que quand le dépit vous aura jetée dans mes bras, l'amour vous y retiendra; j'aime. Je vous aime, vous, comment pourrais-je vous oublier, je me juge capable d'amour… que les réflexions que je fais diffèrent de celles que je faisais avant notre rencontre anormale de Berlin, Charlottenburg; à qui pourrais-je confier mieux qu'à vous la félicité que me donnent des espoirs si charmants. Je crains d'ouvrir les yeux sur moi-même - le mot passion me tient lieu de pain, de vin, de raison de vivre - je n'ai rien à dire que vous ne sachiez, je veux vous voir tant que cela ne vous fatiguera pas; vos sentiments me font l'effet d'un beau jour, non, je ne suis point barbare, je ne sais plus ni voir ni penser sans vous, les avenue s'ouvrent devant moi comme autant de choix aléatoires.
L'horizon s'ouvre au silence; on se marie, on aime encore un peu, on travaille, on oublie d'aimer, on aime encore… il y a une sagesse qui enseigne à se réjouir des petites choses de l'existence; je vous adore vous, je suis assuré, Elizabeth, que quand le dépit vous aura jetée dans mes bras, l'amour vous y retiendra, j'ai une satisfaction secrète à penser que vous aimez moins que moi, je sens bien que je vous aime plus que tout le monde n'a accoutumé d'aimer - il y a près de six ans que je n'ai pas revu Stéfanie, est-il rien de plus abominable que de se combattre sans fin, sans pouvoir jamais se vaincre… je meurs si vous ne m'embrassez pas, faites de moi ce que vous voulez - si je ne vous aimais autant je ne serais pas si fiévreux des injustices que vous me faites, je suis avec vous comme un instrument aveuglé - je ne sais plus vers où diriger mon réel aussi je ne le dirige pas. Je suis fâché contre moi-même de vous aimer à ce point… mais je parle encore trop pour avoir si peu à dire.
Bréauté
PS. Volgra saupsetz (je voudrais hurler) l'amore que-us port (l'amour que je vous porte)… adieu, servez-vous de moi, ne me forcez point à vous fuir.