04 juillet 2009
Où apparaîssent André Pagès et le Méjean
— XIV —
Saint-Pierre-des-Tripiers, lundi 21/12/2015, 18:51:30
André Pagès rentre chez lui.
Le vaste plateau aux vallonnements couverts de neige, à peine interrompus par de maigres bosquets de pins, s’étend à perte de vue, ponctué çà et là de quelques genévriers. Vide… L’ombre souple d’un nuage de passereaux virevolte. Tout l'horizon s’éteint dans la lumière déclinante. Sur la blancheur profonde de la neige, le ciel immense est d’acier pâli. Un oiseau crie… Cri paisible et rauque… Plus loin, un coassement de corbeau... [Lire la suite]
20 juin 2009
Près du dolmen du col de Pierre Plate, 19 heures 21
Bréauté marche dans la musique du silence, laisse faire comme s'il y avait là quelque chose de plus ancien qui, un jour, dans des circonstances révolues, avait été une part de lui, écoute le vent : la solitude ici s'éprouve comme une force. L'image du petit garçon à culottes courtes qu'il était courant avec délices sur ces terres d'herbes rêches brouille le regard qu'il porte sur le paysage. En ces lieux, l'homme dérange car il souffre de toutes les choses et, souffrant d'elles, en jouit. Tous ses souvenirs sont pris dans les ronces... [Lire la suite]
08 juin 2009
Au-dessus de Mativet, 20 heures 25
Bréauté sent dans l'air la présence impalpable du calme. Il a l'habitude de ces soubresauts. Il respire à pleine poitrine comme quand on boit, il a peur de regarder en lui, rêve orages, tempêtes, tornades, dévastations, veut n'être rien et rien d'autre que ce rien. Il fait un grand effort pour penser avec de l'ordre, tâche de mettre avant les choses d'avant et après les choses d'après. Il note et s'arrête. Il attend, songe, se souvient, se tait et se souvient. Le ciel est absolument pur, ce qui fait défaut, c'est le souffle… Seules... [Lire la suite]
29 mai 2009
La Palière, 15 heures 25
Bréauté éprouve à la fois un étrange sentiment de malaise et d'inconfort, se souvient de ce qu'il n'a pu être. Il longe un champ de grandes orties vivaces occupant l'espace d'un ancien enclos à moutons, est porté en avant par ses souvenirs, ramené par eux en arrière… Depuis longtemps il n'a pas connu semblable calme. Il ne désire qu'être à sa place en paix avec lui-même, ne veut pas perdre totalement l'espoir. Que ce soit trop plein de soleil, pluie ou brouillard, l'espace se dilue dans l'espace. Si le monde était éternellement... [Lire la suite]
18 mai 2009
6 heures 21, près de Hures-la-Parade
Toute chose a deux visages: le visage de ce qui passe, le visage du
devenir. Son avidité reste sans réponse. Il s'attarde, rit, réfléchit,
se souvient: il observe. Une haute herbe jaunie souligne la lisière
lointaine des forêts. Comme de vieux plumets dérisoires, des
silhouettes d'arbres malingres soulignent les crêtes des collines. Il
n'a rien dit, rien fait, rien représenté, rien accusé, revendiqué, il
ne possède rien. Colline après colline transforme la beauté en distance
rendant impossible de savoir quel miracle pourrait se... [Lire la suite]
04 mai 2009
Près du balcon du Vertige, 18 h 11
Il aime ces lieux muets, fermés sur eux-mêmes. Ses pensées sont confuses, mêlées. Il cherche dans la solitude le chemin qui mène à lui-même. Il ferme les yeux. La couleur des choses passées, aimées, ne quitte plus son imagination. Trop de choses étranges pèsent sur ses épaules. Dans les lointains tremblés de soleil du plateau, le sol est d'une grande pâleur, tous les tons exténués s'étalent ici à perte de vue. A quoi sert d'évoquer les oiseaux lorsqu'on ne les voit pas. Il n'ignore pas se tromper se voulant la mémoire de lieux qui,... [Lire la suite]
11 avril 2009
La Chadenède, 20 heures 10
Bréauté n'avait jamais pensé que son existence pourrait ainsi s'emplir de rêves. Fond de basson. Trop de choses étranges pèsent sur ses épaules. Il lui semble entendre la pulsation du monde. Bonheurs : il se souvient. Ses pensées s'embrouillent. Il pense aux fraîches rivières qui coulent dans les vallées si proches et pourtant si lointaines. La vue n'a pas dit son dernier mot. Buissons, rochers enlacés. La nature, qui a choisi mollesse et douceur, sait parfois devenir rages et ruptures. Il s'étonne de ce silence qui s'épaissit à... [Lire la suite]
30 mars 2009
Sur le versant du Grand Bataille, 18 heures 22
Cieux, brise, moutons. Chaque pierre, chaque arbre, chaque colline veut se faire reconnaître, témoignage de quelque ancien passage. Poursuite du bonheur… Le minéral rassure. Bréauté est sans aucun éclaircissement dans une intimité presque angoissante, sans buts précis, il marche, foule le sol en longues enjambées autoritaires. Les petites collines sont parsemées de tâches vertes. L'immobilité de l'air égale celle de la lumière. Le temps est devenu tout mou. Le sol est un pré de pierrailles vaguement blanches. Il ne connaît pas de... [Lire la suite]
20 mars 2009
Dans la combe de Combechave, 13 heures 32
Bréauté a toujours vécu ici, n'est jamais parti, n'a jamais connu autre chose, il le pense, le croit. Cette heure est pour lui toute la bénédiction du jour. Il ne vient personne, il faut tout mettre au passé… C'est un lieu d'adieux. Le décor se met en place. Un vieux chien noir-blanc le suit comme une ombre, seul son halètement rythme le temps. Bréauté aspire à tout ce qui peut arriver, marche sans jamais s'arrêter, sans se retourner, personne ne peut dire où il va. Il aime espace, buissons, souvenirs, il est là, change de place sans... [Lire la suite]
06 mars 2009
Le Mas Rouchet, 16 heures 11
Il s'agit ici, pour Bréauté, de faire son bonheur. Dans le lointain, un troupeau de moutons se confond avec les pierrières. Ici tout est proche. Il pense qu'il affectionne ces paysages vides où il ne se trouve que face à lui-même, est repris par ses rêves, ses souvenirs l'obsèdent, ses rêves se mêlent à la réalité. Il rêve que l'acuité sensible des jours est une bénédiction. Il sait combien il est difficile de résister au désespoir. Les instincts de l'humanité future sont déjà là qui demandent à être satisfaits. Ronces vert-bleu…... [Lire la suite]