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Écrits de Marc Hodges
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26 mars 2016

Galy, 15 heures 25

Il aspire à tout ce qui peut arriver. Il s'arrête de nouveau. Une plante jaune au bord d'un talus, une espèce de sauge, brille au soleil, solitaire dans la lumière. Ce serait ainsi. Il pense : "Les choses viennent, on ne peut pas les empêcher…". Devant lui la roche s'arrête brusquement, tombe à pic ; des sapins contorsionnés s'accrochent au bord…. La vie s'endort dans sa certitude. Sa conscience d'exister s'accompagne de la crainte de mourir. Une plante jaune au bord d'un talus, une espèce de sauge, brille au soleil, solitaire dans la lumière. Tout est solitaire. Un oiseau crie Un cri paisible et rauque. Il y a toujours quelqu'un qui manque auprès de lui. Ceux qu'il a perdus s'éloignent, il n'y peut rien. Il pense à tout ce temps gaspillé à dompter la mort…. Ce pays a toujours son odeur particulière. Il y a des jours de la vie où on n'a pas courage à vivre. Ici personne n'a honte des sentiments les plus secrets. Une étrange tristesse se mêle à ses souvenirs. Il n'avait jamais pensé que son existence pourrait ainsi s'emplir de rêves. Il est sans aucun éclaircissement dans une intimité presque angoissante. Les herbes, parcimonieuses et fragiles, se protègent. Il ne rencontre que trop de ruines. Les collines sont comme dévorées par la lèpre verte-orangées des buissons de buis. Le versant tout entier de la colline chante doucement au soleil. Près de lui un arbre frissonne. Il aime les mots lavés par la pluie, usés par le soleil. Peut-être qu'il faut savoir mourir. C'est un paysage dont il ne croit pas se lasser un jour. Il jette des pierres dans les buissons de genévriers. Il jette des pierres pour le chien qui le suit et ne cesse de les lui rapporter. Son histoire est si simple !. Il n'est pas vrai que le silence parle. Aussi loin que puisse remonter la mémoire des hommes, ses oncles, son frère, son père, son grand-père, ont arpenté ce sol cherchant la paix de l'âme. Dans sa méditation, hier, demain s'annulent. La solitude profonde et comme intemporelle qui l'environne, l'aspect incorporel de ce paysage, tout cela avive son imagination. Absent du temps, il est au-delà du bonheur, au-delà du malheur. Le monde est à l'extérieur, ailleurs…. Il y a des jours de la vie où on n'a pas courage à vivre. Un vol lent de corbeaux s'arrache du sol lourd comme une seule masse. Le silence devient de plus en plus profond. Il pense : "Les choses viennent, on ne peut pas les empêcher…". Il a la nostalgie au cœur. Il ne sait plus très bien où il va. Un monde plein de souvenirs et d'espérance…. C'est peu de choses. Le minéral rassure. Il laisse les vieilles images du passé se dérouler dans sa tête. Il aperçoit une silhouette humaine. Il soupèse le poids du silence. Il ne vit que s'il relie. De ci, de là, un pin chétif troue l'herbe jaune. Quel lien entre toutes ces paroles. La trame du présent s'entretisse indescriptiblement pour lui avec le passé. Il accepte volontiers le joug de la mesure. Lui viennent à l'esprit des expressions stupides et rabâchées : "mer herbeuse, vallonnements tranquilles, houle des collines…". Les toits ne sont que des éboulis rocheux parmi les autres. L'avenir est une condition du présent autant que le passé. Il voit l'éternel sourire inquiet de sa grand-mère toujours effrayée à l'idée qu'il pourrait accomplir une action dangereuse. Qu'il soit ici aujourd'hui, demain ou qu'il ait pu y être hier n'a pas grande importance, toute seconde enferme le temps complet et pour cela ignore les hommes. L'éternité semble amoureuse des travaux du temps.

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