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Écrits de Marc Hodges
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18 janvier 2016

De La Maxene au dessus des Vignes, 17 heures 23

Rien ne passe, pour qui ne passe pas. Les lointains sont veloutés. La grandeur même évite la majesté. Le ciel sans horizon pèse au-dessus des terres. L'image du petit garçon à culottes courtes qu'il était courant avec délices sur ces terres d'herbes rèches brouille le regard qu'il porte sur le paysage. Il est devant le paysage. Le rythme court des genévriers creuse l'espace du plateau. Il parle d'un monde totalement ouvert. Il pense à son village. Il sait le nom et le prix de toutes les choses, tout ce que chacune exige pour s'épanouir. Ce qui deviendra et doit devenir est la cause de ce qui est. Un petit oiseau vole devant lui, pas plus gros qu'une tâche d'ombre sous l'une quelconque des fleurs du paysage. Il fait de vagues projets. Il y a là quelque chose qu'il doit pouvoir comprendre. Ses mots sont douloureux. Il ne laisse rien de lui au-dehors. Il coudoie constamment l'invisible. Il s'arrête encore. Chacun ici se sent important et unique au risque d'en mourir. Les collines loitaines limitent doucement une steppe jaunâtre. Il aime tout ce qui a le regard clair et qui parle franchement. Il a conscience que ses yeux cherchent à voir derrière les objets. Sous son aspect immuable et tranquille, le paysage porte la mort, la diffuse, l'épand sur toute chose. Ce pays est libre et sauvage. Si tout cela ne signifiait rien. Le silence le renvoie à lui-même. "C'est toujours compliqué et délicat de faire revenir les morts, de souhaiter leur retour…". Aussi loin que puisse remonter la mémoire des hommes, ses oncles, son frère, son père, son grand-père, ont arpenté ce sol cherchant la paix de l'âme. A l'orée des vallons l'air hésite. Il est tellement vêtu de ville et de murs…. Il y a là quelque chose qu'il doit pouvoir comprendre. Aparemment, le rythme du temps n'a jamais changé ici. Au-delà des lointains bleuâtres, l'air lumineux. Ce pays a toujours son odeur particulière. Il verbe. Une légère brise fait vibrer-lyre-les rayons du soleil. Il veut créer un monde devant lequel s'agenouiller. Le silence l'attire-lui fait peur…. Le sentier sinue, à l'ombre, entre deux pentes ; des buissons de noisetiers, des sapins, le bordent. Son âme exulte de se sentir si proche de son retour. La plupart des événements sont indicibles. Près de lui un arbre frissonne. Quelques rares chardons sont le seul ornement de ce paysage inhabité. Il attend avec inquiétude la froideur des nuits. Le temps gagné devient du temps perdu. Il coudoie constamment l'invisible. Il ne connaît pas de règles. Toute joie veut l'éternité de toute chose. Rien ne s'émeut autour du bruit de ses pas. Comme de vieux plumets dérisoires, des silhouettes d'arbres malingres soulignent les crêtes des collines. Il faut avoir le courage d'admettre qu'on ne peut acquérir qu'avec lenteur et patience les choses qui comptent. Parfois le vent fait tout d'un coup entendre comme un son grave de basson. Il ne peut comprendre que ce qu'il possède vraiment. Les lignes des lointains s'inscrivent, longues et fines, dans l'espace. Les herbes, parcimonieuses et fragiles, se protègent. Le monde est à l'extérieur, ailleurs…. La vie passe…. Il voit tout avec des yeux neufs. Il imagine la présence de jeunes gens, de jeunes filles. Rien ne parle, ni le vent, ni les arbres, ni la terre. Ses mots sont douloureux. Rien n'existe ici que par le silence. Les collines sont comme dévorées par la lèpre verte-orangées des buissons de buis. Le monde autour de lui est clos comme une coquille. Une grand-mère est soudain là qui le dévore depuis toujours de ses yeux si aimants. Ce n'est pas la mort qui fait problème, mais la vie. Il cherche finalement où aller. Un nuage d'images floues tourbillonne dans sa tête. Le silence n'obéit à aucun ordre. Le paysage se parle dans sa tête. Il fait un grand effort pour penser avec de l'ordre, tâche de mettre avant les choses d'avant et après les choses d'après. L'espace paraît soudain sensible, clair et liquide, comme une chose que l'on pourrait absorber, boire. Il faut avoir le courage d'admettre qu'on ne peut acquérir qu'avec lenteur et patience les choses qui comptent. Peut-être qu'il faut savoir mourir. Il attend avec inquiétude la froideur des nuits. Comment supporter la vie sans espoir. La plaine ne se termine qu'au ciel. Il attend des paroles vraies. La règle du jeu est simple. "La beauté est la forme que l'amour donne aux choses".

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