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Écrits de Marc Hodges
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19 novembre 2015

je n'ai jamais rien tant aimé que vous

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Comment, chère Rachel, vous taire la vérité — je n'ai jamais rien tant aimé que vous, si vous étiez persuadée de mes pensées, vous comprendriez mon ambition — oubliez Espéranza... Pourquoi faut-il qu'il y ait de temps en temps tant de différences dans les compréhensions — j'attendrai de vos nouvelles avec impatience et je n'aime la vie que pour la passer avec vous ; vous seule me tenez lieu de tout. Vous m'êtes toujours présente, toujours je vous vois, toujours je vous dis tant, tant de choses, mais toutes jetées au vent — je vous aime éperdument — faites réflexion, s'il vous plaît, sur le comportement que je veux avoir avec vous — jugez ce que tout cela peut faire sur un coeur qui n'est ni insensible ni ingrat et

adieu Rachel.

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Dans de grandes jarres, d'immenses plantes vertes — polyscias, thyms, ficuss, cactées — communiquent une agréable impression de fraîcheur et de calme... Les hauts murs de la vaste salle est rythmés par des ouvertures de fenêtres, Barbe Bleue est assis devant une armoire, regarde une lettre. Le trou de la serrure semble éclairé... Son image se reflète dans un monumental miroir, il a la tête pleine du bruit de son passé ; dans son souvenir, ce jour est pure de toute incertitude — le temps est un problème et il est assis devant un meuble ; il ne dit rien, regarde une lettre. Il regarde sa lettre d'amour. Une clef est posée sur un bureau, une grosse clef médiocre ; il a le visage mobile... Une clé est posée sur une table de jeu, une grosse clef quelconque et il lui semble que son image est celle d'un taureau aux yeux bleus et Barbe Bleue regarde sa lettre... Son image tourne dans le miroir géant et son image tourne continuement dans le miroir immense au cadre jaune et Barbe Bleue semble indifférent — son image tourne sans répit dans le miroir gigantesque. Il lui semble que son image est celle d'un taureau.

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En vous disant adieu, Violante, je vous prie de ne plus voir Robur et quand vous pourriez vous justifier de toutes les choses dont on vous accuse, je n'oserai plus vous aimer ; souvent, le coeur tout meurtri des coups que vous me portez, sans vous en douter, je me force à de l'aubaine pour obtenir de vous un sourire ; vous seule me tenez lieu de tout ; vous ne pouvez pas deviner l'horrible supplice que vous m'infligez et je ne sais que vous dire ; rendez-moi justice — tout est bien malaisé. Je veux juger par votre attitude des tendresses que vous avez pour moi — l'amour, qui n'est jamais sans crainte de déplaire, me fait imaginer que vous avez pu changer de compréhensions ; jugez ce que tout cela peut faire sur un coeur qui n'est ni insensible ni ingrat, sempre mi siete presente, sempre vi dico tante, tante cose, tutte al vento ; s'il y a quelque chose qui m'empêche d'être cru quand je parle de mon amour, c'est que j'en parle trop bien. Io voglio esser vivo almeno per scrivervi ;

Rachel qui vous aime.

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Il perçoit des geignements... Il ouvre toutes les portes et Barbe Bleue cherche la clé, depuis longtemps Barbe Bleue pense à la mort, il pense qu' il ne restera rien de ses souvenirs et Barbe Bleue n'a pas cette capacité d'abstraction qui caractérise la conversation, Barbe Bleue traîne dans la tristesse que présentent de trop vieux souvenirs, d'autres enfants courent en tous sens ; il ne veut pas autre chose ; l'espace du château d'Ah-Cizin est trop infime pour lui, il cherche la clef, les réponses à ses affolements et il ne demande pas autre chose — il bouge ses lèvres et il note les murs... L'espace du château d'Ah-Cizin est trop petit pour lui, Barbe Bleue poursuit ses ombres ; il ne souhaite pas autre chose. Comment ne pas se souvenir et il ferme les yeux ; le visage de Violante l'obsède

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