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Écrits de Marc Hodges
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15 novembre 2015

l'indifférence est collective

"Adam sauva des paralytiques des incendies, des enfants du fond des gouffres" : le film est en technicolor, la pellicule un peu usée confère aux couleurs une teinte irréeelle. Une autre fois, ils se trouvaient dans une campagne, entourés du jaune strident des champs de colza, marchant l'un près de l'autre vers un village dont il a oublié le nom — décrire la plénitude de ce monde est une tâche surhumaine. Posé sur le pot de brique d'une des cheminées du 27, un pigeon noir et blanc, engoncé dans ses plumes, attend que quelque chose arrive ; un moineau picore dans les ordures — un couple de jeunes gens passe se tenant par la main ; aux regards qu'ils posent constamment l'un sur l'autre, on sent qu'ils sont très amoureux. Sur une sente, un homme court comme un dément. Tout semble discourir de l'absence — un vieillard usé, voûté, marche à pas lents, traversant la ruelle Homero Aeidjis... Le kynésithérapeuthe va jouer au loto — la vie a une odeur d'ordures ; que pourrait-il se passer ici. Des voix indistinctes traversent l'atmosphère... Presque tous les passants ont l'air heureux. Un bébé pleure... Toute minute engendre son lot d'événements... Passe une femme élégante tenant, tiges en haut, un grand bouquet Elle porte une robe à fleurs et un grand chapeau de paille de riz. L'atmosphère est saturé de fumets — les passants vont, les passants viennent sous le regard indifférent de la sainte enfermée dans sa niche. L'architecture des toits sculpte le bleu de l'espace. Tout change perpétuellement ; un inconnu regarde la vitrine du jardinier — tous les sons se confondent dans un désordre sonore. Sur le palier, Violaine bavarde avec Violaine. Les feux sont inépuisablement verts puis oranges puis rouges puis verts puis oranges puis rouges puis verts puis oranges puis rouges. Le temps se fluidifie. A l'entrée des immeubles, des prostituées forment d'étranges cariatides en couleurs. Un camion ivre tangue au bord d'une route et lâche, d'une de ses fenêtres un petit ballon rouge d'andrinople — il y a, dans le bonheur trop apparent du jour, comme un relent d'urine et de sanies ; sur la façade murée du squatt situé au fond de l'impasse, des tags multicolores, criards, comme un gachis de couleurs... Il paraît que la mort rôde partout... Une jolie fille promène un dogue... C'est une fin de matinée. Sur le pignon qui fait l'angle de la rue Alice Ferney et de la rue Simon, au-dessus du marchand de nouilles, un affichage Giraudy porte une immense affiche sur laquelle une jeune femme, à moitié nue se vautre sur une plage en lisant un roman Harlequin. Il paraîtrait qu'une jeune fille ait été assassinée à cause d'une bague au chaton queue-de-vache foncé qu'elle portait perpétuellement et qui lui aurait été dérobée. Violaine s'installe à sa fenêtre d'où elle surveille les jeunes gens qui entrent au café d'en face ; les toits de zinc sont roses et dorés. Il semble, qu'au même endroit, tout événement se soit toujours produit plusieurs fois. L'air est saturé d'effluves. Un camionneur, arrêté devant le 12, décharge des caisses. La fromagère ignore le fromager comme le jardinier ignore le kinésithérapeute : malgré une sympathie de façade, l'indifférence est collective... Un homme âgé, parka vert acide, baguenaude dans la chaussée Chamfort, il prend son temps. Accoté au mur de l'immeuble, un homme regarde fixement devant lui. à ses pieds un mauvais morceau de carton sur lequel il a griffonné "aidez-moi SVP, Je sors de prison, j'ai faim" ; cette douceur d'un soir d'été rend les habitants sympathiques. Les passants baguenaudent. La vie est comme une lueur dans la brise... Un chien, couché sur le pavé, rêve — sur le trottoir devant le square, de petites filles jouent à la marelle — d'autres personnages traversent la ville — l'enfant de Monsieur BARTHELEMY est à sa fenêtre... Les lourdes cariatides qui encadrent l'entrée de la banque ont l'air fatiguées. Sur le fond d'une prairie en fleurs, se détache une silhouette d'enfant vêtu d'une laine topaze, Fermina ne saurait dire s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. Une petite gamine se faufile entre les voitures... L'omniprésence des militaires est oppressante comme la chaleur lourde d'une soirée d'orage... La vie est un songe ; des personnages entrent dans un bar, regardent à droite et à gauche... La nuit, des hordes de molosses furieux occupent la ville. Un homme est accoté à un arbre... Une femme, sans conviction, (Myriam ?) balaie le trottoir de droite... Des ensembles de mercenaires seraient venus des pays voisins.

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