ne pas se perdre dans des considérations édifiantes

Ses doigts sont chargés de bagues baroques... Une autre jeune femme entre qui attire tous les regards ; Oriane a des doigts de pianiste — ses doigts sont chargés de bagues baroques — il y a nombre de militaires — Oriane lève les yeux au ciel... Oriane ne peut s'empêcher de rire. La lumière tombe sur elle et l'entoure, elle est la cible d'un projecteur. Elle a du mal à garder son calme — Oriane feint de chercher quelque chose dans son petit sac à main. Une autre jeune femme entre qui attire tous les regards. Oriane voudrait parler à Louis Ganançay. Que faudrait-il pour qu'elle ne s'ennuie pas. Une femme, superbe, svelte, habillée d'une longue robe de soirée or, brodée de petites perles luminescentes qui la transforment en quelque chose comme un ciel étoilé d'été, traverse la pièce avec une insolence extrême qui attire tous les regards. Elle a un port de reine... Ses yeux sont d'un bleu profond et tranquille — elle a sans cesse été très belle, le sait ; elle a perpétuellement aimé sentir peser sur elle l'indiscrétion de regards impudiques, être aimée est la convergence de tous ses désirs... Oriane s'approche d'une des porte-fenêtres comme pour sortir. Une grande et belle femme en robe de velours gris souris traverse la scène.

Cet instant-là n'a pas été gâté pour nous par des friandises, par des anticipations intempestives, et tu peux m'en remercier, Oriane... II ne s'ensuit nullement qu'Eros soit muet, ni qu'érotiquement il soit incorrect de faire de la conversation, mais que celle-ci doit elle-même être érotique et non pas se perdre dans des considérations édifiantes sur des perspectives d'avenir, etc., et aussi qu'elle doit au fond être considérée comme un repos de l'action érotique, comme un passe-temps, et non pas comme le bien suprême et la nature, n'est-elle pas grande et sage quand il s'agit de ses productions? Quel don précieux ne constitue pas le beurre, quel résultat magnifique de nature et d'art ! Je suis presque sûr que la tante ne serait pas capable d'entendre ce qui se dit entre Roberte et Oriane, pourvu toutefois que quelque chose soit réellement dit, c'est ce que j'ai promis à Rachel et je tiens toujours parole. Oriane fuit, avec les deux autres, des cours aux cuisines du général ; Oriane s'est repentie, mais elle ne trouve pas le repos, car les pensées accusatrices la disculpent; c'est lui qui par son astuce avait introduit ce projet dans son âme. Certes, la femme choisit, mais si son choix était le résultat de longues réflexions, il ne serait pas féminin ; c'est ainsi que je rentre les voiles, je démonte le gouvernail — comme on peut dire qu'il était impossible de dépister la route du jeune homme (car ses pieds étaient faits de telle façon qu'ils gardaient l'empreinte qu'ils faisaient-en effet c'est ainsi que je m e représente l e mieux s on intellectualisme infini), on peut dire aussi qu'aucune victime ne fut son fait, Sa vie était beaucoup trop intellectuelle pour qu'il pût être un séducteur au sens ordinaire — c'est bien l'avantage qu'on posséde en ayant un ami — en l'ouvrant à la derni ére page lue, elle y trouvera une petite branche de myrte, qui lui... Oriane se dirigea vers mon coin. Oriane a changé et elle continue à changer. Il en serait sûrement trés affecté, et cela pourrait peut-être émouvoir et attendrir Oriane — Forces frénétiques, échauffez-vous, mettez-vous en rage ; combien Oriane est saine de corps et d'esprit. C'est celle dont les auteurs de romans se servent toujours assez lorsqu'ils font leurs héroïnes rougir — Françoise est tout armée pour la lutte ; elle y emploie les fléches des yeux, le front plein de mystére Elles n'ont aucun rapport avec l'histoire de Oriane, mais elles m'ont donn é une idée vive du sens d'une expression dont il se servait souvent, et qu'auparavant je comprenais autrement : il faut toujours avoir une ligne prête à prendre le poisson... Celles-ci ne peuvent présenter aucune difficulté ; ce n'est pas une unique beauté qui tient sous le charme, mais un ensemble ; une vision dans laquelle toutes les figures féminines s'amalgament, et où tous les mouvements cherchent un repos dans une seule image qu'on ne voit pas.