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Écrits de Marc Hodges
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15 juillet 2015

Childebert n'a eu le temps de rien

Childebert regarde avec détachement les objets qui ont jalonné sa vie. Childebert considère que chacun est comme ils sont. Se sent trahi, mais il ne se demande pas dans quelle mesure. La seule chose qui l'intéresse, est de trouver la paix intérieure — dort peu, les nuits lui sont pesantes — ne veut pas prêter l'oreille au colossal désert des autres ; pour ne pas croire à la mort, Childebert, ne croit en rien — trop attentif à la liberté d'action de chacun, refuse d'être gentil. Childebert a horreur d'avoir besoin d'autrui, seule lui importe la vie de la pensée, ce qui distingue l'ego de l'être. Sa femme est morte depuis dix ans, ses trois enfants sont indépendants... Est entier. D'une certaine façon, Childebert se sent floué d’avoir été père, mari, grand-père, amant, oui même amant. Continue de vivre en gardant aux choses ce sens qui, pour sa part, lui rend la vie possible ; la réalité est ce qu'il pense ou ce qui se pense à travers lui. Childebert n'a à ce sujet aucune certitude. Childebert se réfugie dans le travail comme dans une tanière. Childebert n'est pas certain d’avoir envie d’être un père admirable. Childebert n'est pas persuadé d’avoir envie d’être un père admirable ; Childebert hésite — Childebert n'a eu le temps de rien.

Sœur Anne jette des cailloux et le chien qui le suit et ne cesse de les lui rapporter. Sœur Anne jette des cailloux et le chien qui le suit et ne cesse de les lui rapporter. Sœur Anne compte ses pas. Sans raison, Sœur Anne ramasse un buisson, l'examine longuement, sort un couteau d'une des poches de sa vieille veste de velours, commence à le tailler, minutieusement. Sœur Anne marche ; Sœur Anne s'assied ; Sœur Anne marche. Sœur Anne marche sans raison. L'espace est pour lui d'un ennui illimité — les labyrinthes d'Algor sont aussi inextricables que ceux de son âme — Algor reflet et formes dressées dans la peur... La ville semble à la fois sortir de ses cauchemars ; Algor semble attendre. Soudain Sœur Anne s'arrête, sort un carnet d'une poche rêve, note un mot, une phrase... Il lui faut apprendre à marcher debout ; Sœur Anne jette des galets contre sa tristesse. Il ne désire pas autre chose... Algor est désert. Sœur Anne marche. Sœur Anne ramasse une petite pierre polie qu'elle enferme dans sa main comme un talisman contre l'angoisse — Sœur Anne s'approche d'un dolmen, tourne autour comme si c'était le premier n’y découvre rien.

N'est pas sûr qu'une reconnaissance posthume suffise à justifier le sacrifice de quelques secondes de son réel ; se comporte en solitaire parmi les siens ; on ne connaît réellement de lui que ses livres... Jérôme ne comprend pas — ne parvient pas à analyser avec assez de force ce qui ne fonctionne pas dans ses rapports aux autres ; se sent vieux. N'a jamais aimé l'aspect extérieur d'Ah-Cizin. Jérôme se tient toujours légèrement à l'écart des autres... Ne parvient pas à analyser avec assez de force ce qui ne fonctionne pas dans ses rapports aux autres ; s'affronte à la tentation de l'ascétisme. Coincé entre la précipitation et le vide abyssal de l'inactivité, Jérôme n'a jamais trouvé un vrai équilibre. Les actes accomplis extérieurement ne sont pour lui qu'une manifestation secondaire... Comment se retrouver dans tout ça... Jérôme vieillit, l'enthousiasme le fatigue... Jérôme se rend malade de désespoir — Jérôme n'a eu le temps de rien ; au fond, Jérôme lutte contre le réel... Jérôme se sent trahi, mais il ne se demande pas dans quelle mesure. Jérôme vieillit ; déteste les portraits.

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