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Écrits de Marc Hodges
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22 mai 2015

Personne ne s’intéresse à lui

Il fait beau, la soirée est douce, la foule envahit les rues ; Vania donne parfois la conception de décoller de la réalité... Vania ne se contente pas de s’imaginer dans un espace littéraire où il sait que si les héros paraissent perdus, l’auteur lui dit savoir où il va... Vania prépara ainsi son départ avec un soin extrême soumettant à un long examen chaque chose dont dés lors dépendrait sa vie — Vania a de grands moments de lassitude où il se demande s’il ne ferait pas mieux d’abandonner, quels qu’en soient les risques, de s’arrêter quelque part, n’importe où et d’attendre. Vania pense qu’à la campagne chacun surveille chacun et que son arrivée inattendue dans un village quelconque ne passera pas inaperçue. Vania s’efforce d’ouvrir les yeux sur le brouillard glacial qui monte du sol et sur lequel se projettent maintenant des scènes qui le troublent : sa fille promenant un molosse au bout d’une laisse dorée, un de ses collègues de bureau auquel il ne se souvient pas avoir adressé un jour la parole disant, sans passion, quelque chose comme « te souviens-tu du jour où nous sommes tombés amoureux de la même jeune femme », un verger fleuri d’étoiles où un couple de lapins broute l’herbe, et des phrases, des phrases, des phrases-images comme autant de séquences : « le jour avait une saveur d’étoiles », « ma mère n’aimait rien tant que le clafoutis aux pommes », « demain nous irons visiter la Chartreuse de Parme »... Personne ne s’intéresse à lui, le garçon est occupé avec d’autres clients, le jeune fille s’occupe à installer un groupe de six personnes ; Vania ne reconnaît rien, n’a plus de repères — Vania ne prend jamais les transports en commun, redoute les caméras de vidéo-surveillance, se dit qu’on ne sait jamais, se dit que dans la société où il vivait et à laquelle il essaie maintenant d’échapper, tout est sous contrôle. Les bonnes affaires de l’été chez Toyota. Vania a de grands moments de lassitude où il se demande s’il ne ferait pas mieux d’abandonner, quels qu’en soient les risques, de s’arrêter quelque part, n’importe où et d’attendre... Où passe son temps — dans son cerveau tout s'amalgame comme dans un rêve mauvais. Vania avait horreur de l’improvisation comme de l’imprévisible — Absurde, il sait que c’est absurde. Pourtant il est dans sa ville, il est impossible qu’il en soit autrement — Mais comment oublier sa famille, comment cesser d’être ce qu’il a été jusque là, cette personnalité qui s’est lentement forgée et qui est ce qu’il est au plus profond de lui. Vania ne sait que faire, où aller dans ce quadrilatère dont deux des côtés s’ouvrent sur des portes trop petites par rapport à la vastitude du hall. Vania a aimé les voitures mais dans son errance dans la ville, il ne peut plus se permettre d’en avoir une ; il lui faut en sortir — Vania en est sûr — Inch Allah ; Vania a cru qu’il pouvait écrire le texte de sa vie une phrase après l’autre. Vania connaît les bornes du possible ; le fond de l'air est encore tiède... Vania est parti. Vania est soudain inquiet.

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