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Écrits de Marc Hodges
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10 avril 2015

Botan trouve des regards qui confortent son intuition

Le semi-vieillard qui, derrière le comptoir, parcourait les pages des courses du journal local en notant des chiffres sur un chiffon de papier, l’a à peine regardé : « Vous avez une chambre ? Ouais... Botan se souvient comment tout a commencé... Botan pouvait donc choisir l’excellence. Botan change de direction : téléphones. Botan fuit sa peur mais elle ne le lâche pas, l’empêche de faire ce qu’il devrait faire... Il se laisse envahir par les sons de ces mots qui, s’entremêlant, forment une sorte de symphonie de voix sourdes, fortes et graves amplifiée par l’acoustique réverbérante de la salle. Botan se contente de survivre seconde après seconde se demandant toujours d’où viendra le danger et quelle forme il aura. Marine, sa fille aînée, déjà adolescente et qu’il sait vive, curieuse, imaginative, quel roman a-t-elle pu écrire dans sa tête car il est impossible de vivre sans relier les actes des êtres que l’on aime à une chaîne de causalités. Botan cherche, trouve, des indices, des regards qui confortent ses intuitions. C’était leur anniversaire de mariage. Botan n’en est pas là. Botan est seul ; Botan feint de fermer les yeux, observe attentivement à travers le filtre de ses cils, le comportement de la balayeuse : elle soulève son balai, porte sa serpillière puis d’un pas solide elle disparaît dans la porte latérale la plus proche... Combien de nuit ? Une. Pas question d’utiliser chèque ou carte de paiement. Dajan avait un agenda électronique, plusieurs secrétaires, une discipline de travail, des rendez-vous qu’il respectait, des échéances et des engagements qu’il tenait, des heures fixes de travail et des habitudes de vacances ; L’ascenseur est en panne — Un enfant, six ans environ, métis certainement, cheveux noirs un peu crêpus, chute en voulant monter en courant l’escalier. Un temps il a songé à abandonner, n’importe où — Dajan se demande si les caméras des hélicoptères peuvent voir à travers le béton. Dajan décide de les provoquer. Dajan change de direction : téléphones ; il y a une légère odeur de moisi ou d’évier, Dajan ne s’en préoccupe pas trop... Il sait qu’aucun ne le concerne, il entend sans écouter ni chercher à comprendre — Dajan ne sait pas le nom de cet arbre : ses connaissances de botanique sont limitées et ce feuillage brun-mauve soutenu ne lui dit rien ; Peut-être dans sa banlieue, il n’est pas sorti de la zone urbaine ; Dajan a quitté ce matin très tôt (la nuit n’était pas encore terminée), le petit hôtel minable d’une rue inconnue où il s’est installé la veille à la tombée de la nuit... Avant de partir, il a beaucoup réfléchi sur cette fameuse idée « d’ouvrages à emporter sur une île déserte ». Lui, soudain, a été intrigué, voulu en savoir davantage... Botan est parti... Peut-être dans sa banlieue, il n’est pas sorti de la zone urbaine. Elle saura trouver les mots qu’il faut pour les enfants. Les chaussures, par exemple. Mais comment oublier sa famille, comment cesser d’être ce qu’il a été jusque là, cette personnalité qui s’est lentement forgée et qui est ce qu’il est au plus profond de lui. Botan a choisi son dernier costume : tissu de laine très souple, vaguement vert, vaguement gris, moucheté, très original et qui lui va parfaitement, puis ils sont sortis... Imaginaire qu’il est le seul à voir... Sa valise lui est devenu un boulet. La vie n’est qu’une suite répétitives d’habitudes et il s’était habitué à cette vie d’errance que sa réserve d’argent qu’il traînait certaines nuits de cachettes en cachettes lui permettait de rendre supportable — Oui, oui, c’est ça... Sa femme lui a toujours fait confiance, il aime penser qu’elle a toujours confiance en lui, qu’elle sait qu’il ne les a pas laissés sans une raison impérieuse, mais il sait aussi que la confiance, comme tous les autres sentiments dépérit si elle n’est pas régulièrement entretenue ; les hommes vivent comme des bœufs.

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