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Écrits de Marc Hodges
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10 mars 2015

toute seconde enferme le temps complet

Qu'il soit ici aujourd'hui, demain ou qu'il ait pu y être hier n'a pas grande importance, toute seconde enferme le temps complet et pour cela ignore les hommes. Il pense que tout ce que propose la civilisation, tout ce qu'elle apporte, rien n'est rien si les hommes ne comprennent pas qu'il est plus émouvant pour chacun d'eux de vivre un jour que de réussir le progrès technologique. Les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit. Il va falloir quitter tout cela. Apeurées, prêtes à fuir, les brebis lèvent un instant la tête à son passage. Il sait aussi la pureté du silence. Il a l'intuition de quelque chose d'indicible, de connu depuis toujours, d'entrevu, de suggéré, d'emprisonné par le soleil et le vent dans le ciel immense…. Tous ses souvenirs sont pris dans les ronces grisâtres de son cerveau. Le temps a ici son poids d'éternité. Il n'est jamais au-dedans, ni tout à fait en dehors. Il pense à des définitions aussi exactes que possibles. Il pense que les hommes ont abandonné les contrées où la vie était dure car ils avaient besoin de chaleur. D'inattendues images s'agitent dans son esprit. De nombreuses images d'adolescents, d'hommes, de femmes lui viennent puis disparaissent. Il n'arrivera rien. La vie intérieure. Il vit et sa vie est constamment sous une pression d'atmosphères impossibles à mesurer. L'œil voit il explore l'éventail optique en avant de lui, recherche constamment des concepts d'invariance. Dans ses hauteurs, le ciel est d'azur. Partout l'ocre clair du calcaire affleure. Il n'y a personne. Dans les lointaines collines, les genèts sont fleuris. Une ombre courant devant lui, sans qu'il en voit la cause, sur la route blanche et déserte au soleil, le fait tressaillir. Le paysage est comme un soupir dans le silence. La beauté du jour lui est douloureuse. Il se trouve à une fin… aussi à un commencement. Il cueille un brin d'herbe jaunie et le porte à sa bouche pour en ruminer le goût douceâtre. Il faudrait faire quelque chose ! Comme de vieux plumets dérisoires, des silhouettes d'arbres malingres soulignent les crêtes des collines. Le monde est au bord de lui-même. Tendu vers l'horizon, un alignement d'arbres isolés creuse l'espace. Le jour baisse. Les vautours sont toujours trop loins pour son regard. Le paysage est empli d'ombres. Il jette des pierres dans les buissons de genévriers. Il n'arrivera rien. Les lointains sont veloutés. Quelque chose doit se produire…. Comment supporter la vie sans espoir. Poursuite du bonheur… Il n'a jamais su trouver un sens précis à sa vie, erre d'une passion à l'autre, s'égare dans le fouillis de désirs temporaires : il avance. Il vit et sa vie est constamment sous une pression d'atmosphères impossibles à mesurer. De ses ancêtres, il connaît tout, ignore tout. Il sait que cette campagne ne se livre pas à n'importe qui. Le vent circule derrière les arbres. Il voudrait tant aider le monde à accoucher de sa vérité. Il ne sait comment se comporter ici. Sa mélancolie vient de la lucidité du cœur. Il n'a plus de comptes à rendre à personne. Il bégaie dans son silence. L'herbe est fourmillante de soupirs. Il ferme les yeux. Il a toujours ici le sentiment d'une sécurité éternelle. Voir, revoir… il est incapable de dire ce qui du souvenir ou du présent l'emporte. Il cherche le monde de cette façon là. Le paysage, c'est à l'intérieur de lui-même qu'il le porte au point qu'il se demande parfois si tout ce qu'il parcourt là est un monde réel ou, plutôt, s'il n'est pas de l'ordre de l'imaginaire. Dans une petite combe, la terre, éventrée par la charrue, saigne d'une grasse terre rouge rouillé. Il voudrait une langue qui aurait la rudesse, l'impolitesse, la rugosité des pierres. Il vénère et craint le vertige. Il n'a d'autre but que de comprendre et de goûter avec ses sens

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