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Écrits de Marc Hodges
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4 mars 2015

le soleil monte et descend

13. Les convictions du Poète

le soleil monte et descend les étoiles reprennent chaque nuit leur place rien ne change le monde est globalement vert le ciel bleu les enfants s’écorchent toujours les genoux en tombant sur le gravier des parcs les voitures empuantissent l’atmosphère la tourterelle roucoule parce que l’oie cacarde et la perdrix cacabe parce que l’éléphant barrissant refuse de mugir n’est-ce pas qu’il en est ainsi parce que c’est comme ça les hommes poursuivent leurs femmes et celles des autres comme les animaux leurs femelles la terre toujours aussi petite et perdue dans un immense espace vide tourne sans fin enfin c’est ce qu’on dit quand on sait alors que Dieu n’arrive pas à choisir entre être zéro un ou multiple la vie va et s’en va  chaque chose suit son erre rien ne change l’homme tue l’homme brûle les forêts viole ses enfants découpe ses amis en morceaux crucifie les esclaves en fuite égorge les libres penseurs lapide les femmes adultères coupe les mains des voleurs c’est ainsi on n’y peut rien la terre est trop fermée trop seule

15. Les attentes du Poète

quelque chose quelque chose quelque chose ne saurait dire quoi lui dit quelque chose quelque chose comme la vie avance avance mais ne sait vers où ne sait plus tout d’un coup ne sait plus qui dit quoi ni quand ni où ni combien ni pourquoi ni pourquoi pas ou l’inverse ne sait plus rien de tout ça voudrait savoir vers où tout cela le mène vers quel univers quelle destination au-delà de l’au-delà ce quelque chose quel horizon quel but se demande ça mais sans plus se le demande comme lui vient parfois un léger soupir une plainte-nostalgie une petite brûlure d’estomac ou une douleur insidieuse d’arthrose insistante encore ne sait pas ne sait pas plus vers où tout cela le mène ce que c’est ni pour quoi pour qui pour quelle attente-mystère

16. Les paroles du Poète

le Poète aime les paroles nues rauques lourdes profondes celles d’arrachement venues du fond du corps du plus profond des tripes comme cette nécessité du souffle et des battements du cœur ces mots qu’il ne peut retenir ni maîtriser ni comprendre ni arrêter ni contenir ni rien ni autre chose ni ne pas dire laisser surgir être du plus profond de lui du plus profond de ce qu’il s’obstine à considérer comme son être sans trop savoir ce qu’il peut mettre sur ce mot mais qu’il sent là qu’il sent être en lui comme un dialogue ininterrompu

17. Les regards du Poète

c’est chaud grisâtre sale plutôt sale ça clapote vaguement clapote fait des bruits indistincts frottements chuintements soupirs gargouillis gémissements des bruits sur des bruits c’est grand très grand son œil s’y perd surtout dans les miroitements sans fin d’un soleil chaud trop chaud c’est plat plat plat ça bouge un peu pas trop c’est chaud pas trop désespérant de lassitude et de répétition le Poète regarde ça regarde comme ça parce que c’est comme ça qu’il est là et que c’est comme ça toujours même et parfois un peu différent pas trop quand même pas trop ça bouge au rythme de la lassitude de son regard dans le vide assoupi de sa tête encoconnée de la chaleur muette d’un soleil par trop plein de lumière c’est comme ça c’est là là il n’y peut rien c’est là devant lui comme une vaste surface presque plane rase de redites et d’ennui ça lui emplit de murmures le vide de sa tête lave à blanc sa fatigue lamine ses rares pensées le noie c’est là dehors en dehors de lui ça brûle aux larmes la surface-miroir de ses yeux ça ne le concerne pas c’est là là ça bouge un peu un peu un peu encore un peu et c’est tout tout

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