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Écrits de Marc Hodges
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29 janvier 2015

Jouissance de l’inaction

Le temps passe… le temps a passé ; il ne sait plus exactement depuis combien de temps il rôde ainsi dans le labyrinthe de la ville et de ses banlieues. Il va au hasard. Parfois il reconnaît, il lui semble reconnaître un lieu où il serait déjà passé, un graphiti, une devanture, un nom de rue mais il y a tellement de Général De Gaulle ou de Max Weber qu’il n’est pas sûr de se tromper de commune. Il se dit chaque jour qu’il pourrait peut-être, maintenant, essayer de rentrer chez lui qu’il aura été oublié des cadres de son ancienne entreprise dont il a, fortuitement, surpris la conversation scandaleuse et que, de toutes façons, s’ils avaient le projet comme ils l’exprimaient de vendre à des pays incapables de se protéger et de se défendre des médicaments frelatés pour de vrais médicaments au risque d’effets secondaires pouvant même être létaux, ce qui aurait eu pour autre conséquence bénéfique d’entraîner l’achat d’autres médicaments ; de toutes façons cela avait dû avoir lieu, il était certainement trop tard pour arrêter cette saloperie et que représentait-lui, simple cadre d’une des innoimbrables entreprises de la multinationale ? Elle avait les moyens de le discréditer, de le rendre inutile, au pire même de le faire disparaître proprement. Quoi que l’on fasse, on meurt toujours seul même si certaines morts sont plus solitaires que d’autres. On l’avait certainement oublié car sa fuite, son inaction avaient suffisamment prouvé qu’il n’était pas en capacité de représenter des nuisances. Il aurait dû rentrer. Mais la vie n’est qu’une suite répétitives d’habitudes et il s’était habitué à cette vie d’errance que sa réserve d’argent qu’il traînait certaines nuits de cachettes en cachettes lui permettait de rendre supportable. Il s’était habitué à regarder le mouvement de ses semblables, la société qu’ils constituaient, comme un spectacle qui ne le concernait plus vraiment car il n’avait plus rien en charge ce qui était assez agréable : s’asseoir quelque part et contempler avec un regard neutre l’agitation permanente, absurde pour qui n’y participait pas, de la ville. Une jouissance totale de l’inaction que ni ses années de compéttions studieuses puis commerciales ne lui avaient pas permis de soupçonner. Rien à voir avec ces quelques journées de vacances qu’il s’accordait de ci de là sans perdre de vue, même devant les roseurs lyriques d’une aube au bord d’une mer ou la ligne sinueuse et blanche de sommets se découpant sur un ciel d’acier bleu, la compéttion qui l’attendait. Il n’avait jamais, même dans ses rêves les plus délicieux imaginé une absence aussi totale de lendemains entachant toujours son présent par ce qu’ils représentaien de préoccupations et de responsabilités futures. Ce qu’il vivait maintenant, c’était un éternel présent vide de projection dans le temps, ni crainte ni attente ni projet, chaque seconde n’était désormais que pour lui-même et, le temps passant, les peurs, les craintes qui l’avaient occupé dans ses premiers jours d’errance étaient maintenant derrière lui le laissant dans un vide spirituel absolu pouvant consacrer des heures à parcourir d’un œil distrait un livre quelconque acheté au hasard chez un quelconque bouquiniste comme à regarder les cercles que les gouttes d’une petite pluie fine provoquaient sur la surface d’un bassin ou à suivre, sans autre but que de la suivre, une femme dont la silhouette l’avait intéressé.

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