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Écrits de Marc Hodges
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9 janvier 2015

De La disparition du Général Proust

Fictifs ou réalistes, toute vie est faite de récits. Aussi je n’ai jamais trouvé en rien choquant que mon ami Marc Hodges, dans sa Disparition du Général Proust, nous mettes, ma femme Rachel et moi-même, en scène. Bien sûr il n’y a dans ce texte peu de notre réel et faire de nous des comploteurs contre son général littéraire est quelque peu exagéré, mais le milieu qu’il y dépeint, l’âge des personnages, leurs relations, n’est pas très loin d’être le nôtre. Il est vrai que, dans notre vie, nous avons eu moins d’amants ou de maîtresses et que nous n’avons jamais approché d’aussi près des cercles du pouvoir, mais qu’importe… De même si Rachel, ma femme, dans sa page Facebook triche de temps en temps avec la réalité et notamment, coquetterie banalement stupide de femme, un peu avec son âge et son image, cette fiction d’elle-même qu’elle y entretient trace, dans son ensemble, un portrait plutôt réaliste de notre vie dans notre manoir retiré de Bretagne. Il est vrai, qu’à ma demande, elle ne fait jamais aucune mention à mon existence, évitant notamment la moindre allusion à la profession qui, en grande partie nous fait vivre. Quoi qu’il en soit, nous éprouvons une certaine satisfaction qu’un écrivain ami ait pu avoir l’idée de faire de nous des personnages de roman.

Qu’est en effet l’intérêt de l’existence sans son imaginaire ? Si je suis incapable d’écrire un roman ou même une nouvelle, j’avoue que j’ai souvent rêvé d’autres vies que la mienne m’imaginant un jour parcourir à dos de chameau les steppes de l’Asie Centrale, un autre faisant l’amour avec une actrice célèbre ou encore obtenant le prix Nobel de physiologie alors que je n’ai jamais fait par manque de volonté, de courage, de recherches sérieuses. Enfant je ne pouvais jamais m’endormir sans, dans l’obscurité silencieuse et terrifiante de ma grande chambre isolée dans une des ailes de l’humide manoir familial, me raconter toutes sortes d’exploits imaginaires en grande partie inspiré des magazines de bandes dessinées – Francs Jeux, Vaillant, Spirou, Tintin — auxquels j’étais alors abonné et qui rédimaient ma solitude de petit nobliau de province. Je m’endormais alors en volant ou en plongeant au fond des mers tirant de l’antre d’un quelconque être malfaisant des captifs innocents et l’empêchant, par là même, de détruire la planète.

Depuis je m’endors mieux dans les bras d’une femme. Il n’empêche. Dans chaque femme rencontrée s’inscrit une part d’imaginaire et que serait l’amour physique si répétitif et finalement trivial s’il n’était pour l’essentiel vécu comme une fiction. Ce qui me maintiens en vie, ce n’est ni mon confort matériel ou affectif, ni ma bonne santé physique, ni mes relations sociales mais bien plus une forme d’imaginaire du quotidien qui laisse croire que tout est à tout moment possible. Et ceci, même si les faits démentent avec constance une telle possibilité.

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