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Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
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26 août 2014

Correspondances

« Non, monsieur, m’écrit ainsi une Madame Bernardoni, je ne suis point auteur ; et n’eus jamais l’intention de l’être : je n’ai d’esprit que la juste dose qu’il m’en faut, pour sentir, à cet égard, toute mon insuffisance. J’ai très bien compris que vous comprendriez très mal le début de ma lettre ; mais je ne me suis aperçue de cette balourdise, qu’en en apercevant mille autres. Il aurait fallu refondre ma lettre en entier. Plus je l’aurais refondue, rêvée, réfléchie, plus elle aurait été mauvaise, et inintelligible. Je l’ai laissé comme elle était ; j’en ferai autant de celle-ci. C’est mon usage de dire ce que je trouve, faute de trouver dans mon étroit génie ce que je cherche. Votre pénétration y suppléera. Vous ne voulez plus écrire pour le public : j’en suis fâchée pour lui : quant à moi je m’en consolerai, en relisant cent, et cent fois ce que vous avez écrit, et j’y trouverai toujours les grâces de la nouveauté. Les raisons que j’ai eues de garder l’incognito subsistent plus que jamais. Je ne désire point que vous me deviniez »

« Les raisons que j’ai eues de garder l’incognito subsistent plus que jamais, m’écrit ainsi une Madame Bernardoni. Je ne désire point que vous me deviniez. Il faut que vous m’ayez cru bien peu d’esprit, si vous n’avez pas cru que je vous en crusse assez pour être bête à propos. Je vous rends, à cet égard, comme à tous les autres, la justice que vous méritez ; et pour vous le prouver je vais, en pleine confiance vous donner le moyen de vous ôter à vous-même celui de me découvrir par hasard. Non seulement je ne suis pas Angéla Delsoussol, mais il est même dans la plus exacte vérité que je n’en suis pas connue, et que c’est d’un second bond que votre courrier m’est parvenu. Je ne vous dis rien de Zita : elle vous écrira, vous la jugerez. Nous nous sommes promis de vous écrire séparément, sans nous communiquer nos courriers qu’au moment qu’ils seront partis, et de n’y pas retoucher, eussions-nous dit les mêmes choses. Elles seront du moins très différemment dites, je l’avoue à ma honte. Si je n’ai pas l’honneur d’être connue de vous, j’ai celui de vous connaître : vous connaître, et prendre à vous le plus vif intérêt ne renferme qu’une même idée. Etes-vous fait pour qu’on vous ignore ? Si vous ne voulez prendre aucun soin d’une vie devenue précieuse à toute l’Europe, je ne veux pas, moi, me préparer de nouveaux regrets. Voilà mon dernier mot. »

« Quelle femme— m’écrit ainsi une Madame Marie-Anne Alissan — peut espérer de paraître estimable, au yeux d’un homme, qui a connu, ou imaginé Zita ? Cela est de la dernière inconséquence : vous me prendriez pour une folle, et vous auriez raison. Croyez cependant que si je suivais mes sentiments, je serais plus folle encore. Un homme qui a fait parler Stanislas, serait trop dangereux pour une Zita engagée dans les nœuds du mariage. Je conviens qu’il ne dirait pas la même chose : mais tout doit être intéressant dans sa bouche. Je ne vous écrirai plus. Que la cessation d’un commerce que je n’aurais pas dû entamer, ne vous laisse aucune inquiétude. Est-ce à vous qu’il peut manquer quelque chose ? Si Zita a réellement existé, vous êtes certainement Stanislas ; et dans ce cas, sa mémoire doit vous occuper tout entier. Si elle n’est que le chef-d’œuvre de votre imagination, croyez-moi, tenez-vous en à votre chimère : le créateur n’a point fait d’ouvrage aussi parfait que le vôtre. »

 

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