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Écrits de Marc Hodges
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18 février 2014

la solitude de l’écrivain


Je rentre à Paris, adieu Barcelone… Je m’étais fait une joie de retourner dans cette ville et je n’y ai rencontré que des déceptions ; je n’ai même pas éprouvé de réel plaisir à descendre les Ramblas parmi la foule. Tout d’un coup tout cela m’a paru bien conventionnel, faux, une séquence de Faut pas rêver dont je serais le commentateur. N’en parlons plus…
 
« Ne rêve pas, mon cœur, comme un homme ne dis pas de mot imbécile car l'imbécile n'est pas un homme. Si tu cherches l'homme, parle vrai. Le mot juste est une perle au cœur de l’homme, ne le diminue pas en le prodiguant aux bêtes stupides.
Comment savent-ils son prix ? qui peut vouloir d'un mot à valeur de tourteau ou de paille ?

Comment, celui qui ignore sa propre valeur, peut-il connaître celle du mot ? Inutile au sage de le transmettre à l'ignorant.

Protège le mot, ne le dis pas à l'ignorant : comme un cri, il le pénètrerait, le ferait souffrir. »
 
Comment trouver les mots et pour qui ? Je découvre avec douleur la solitude de l’écrivain. Moi qui, jusque là, n’avait écrit que des textes officiels ou utilitaires, je me trouve confronté par la nécessité de cet engagement à me demander à quoi sert d’écrire… Je vous envoie en aveugle des mots et je m’aperçois que vous les comprenez plus ou moins, qu’ils n’ont pas chez vous les résonances que j’en attendais : je ne vous connais pas et, comme si je m’étais pris dans un piège invisible, je sais de moins en mois pourquoi je vous écris comme je sais de moins en moins pourquoi je fais quoi que ce soit. Le souvenir de Stanislas me déstabilise. Je me croyais logique, rationnel, équilibré et je m’aperçois que cette aventure de l’écriture me ronge insidieusement de l’intérieur parce qu’elle m’oblige à repenser ma vie, à me regarder comme si j’étais un autre : « Enseigner le mot juste à l'homme ignorant et sans vergogne, Ogakhi, est plus difficile, plus ardu que n'importe quelle autre action au monde. », ainsi ce termine ce ghazel d’un poète de Khiva or je suis cet homme ignorant qui découvre avec stupéfaction la force douloureuse des mots… Stanislas le savait-il, lui qui m’avait fait découvrir ces poètes ? Est-ce pour m’éprouver qu’il m’a demandé de remplir cette tâche ou pour m’obliger à voir enfin en face la médiocrité de ma vie ? Il en est bien capable… Lui qui a su toujours conserver à sa vie une haute exigence peut bien avoir voulu que je juge la mienne et la remette en cause. Si c’est le cas, il aura réussi…
 
« Date: Wed, 20 Jun 2001 19:43:11 +0200
From: "Rizonnelli" <rizonnelli@libertysurf.fr>
To: Jean-Pierre Balpe <jbalpe@away.fr>
Subject: Re: dépendance
 
Cher Jean-Pierre
les quelques jours passés sans recevoir votre roman m'ont fait prendre conscience qu'il m'était difficile de m'en passer car il faisait partie de mes habitudes. Mais le plus étonnant est que je ne le lis jamais avec attention, je le survole pendant quelques secondes en cherchant s'il y a des messages de lecteurs (vrais ou faux quelle importance?) sans connaître l'histoire que vous narrez. Je vois juste revenir certains prénoms comme Stanislas ou le thème du voyage percevable à travers les nombreux noms de lieux que vous citez. Et pourtant ces quelques secondes étaient bizarrement entrées dans mes mœurs. »
 
Pardonnez-moi, je me laisse entraîner… Je sais que ce n’est pas moi qui vous intéresse — du moins, car vous allez et venez, vous vous inscrivez ou vous désinscrivez — qui intéresse ceux qui me lisent encore — mais la vie plus aventureuse de Stanislas. Vous voudriez plus de péripéties, des aventures plus ou moins exotiques, du sang et des larmes Je vous comprends… mais ce serait mentir ou tricher  : je préfère essayer d’être honnête avec moi-même.

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