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Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
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5 février 2014

ignorer la réalité du monde

Cette histoire a sur moi des effets inattendus : m’y engageant, j’ai cru qu’il ne s’agirait de rien de plus que de vous rapporter — en usant de quelques pseudonymes — les mésaventures assez surprenantes de mon ami Stanislas, victime des troubles de ce demi-siècle et je m’aperçois avec crainte que la plongée dans la mémoire à laquelle je suis contraint a sur moi des effets pervers. A travers Stanislas, c’est ma vie que je juge et ce qui se révèle avec de plus en plus de force, ce sont les impasses où je l’ai menée :
 
« Quand un homme souffre, ses yeux deviennent humides…
Tous ceux qui cherchent la joie ici-bas, trouvent la tristesse.
Ouvrant le livre de ma poitrine, j'ouvrirai sept enfers.
J'ai peur de mes gémissements : un étranger assiste à notre rencontre.

Ecoute, mon double, pleurer n'est pas facile !
Quand le royaume du cœur se brise en cent morceaux les yeux se mouillent.

Qui sait ce qui, au Jugement dernier, pèsera le moins.
Si ta tête touche au zénith, ne sois pas orgueilleux :
L'arbre qui porte beaucoup de fruits incline la tête. »
 
Certains d’entre vous me reprochent de faire appel à la poésie, estiment que je fais preuve de snobisme, d’autres adorent mes citations soufis… Qu’y faire, on ne se change pas aussi facilement, comment pourrais-je vous parler de ce que je ne connais pas, comment pourrais-je imaginer pour vous, par exemple, la vie d’un militaire, celle d’un ouvrier maçon, d’une fille de joie ou d’un inspecteur de police ? Je parle de ce que je connais et de ce que je suis, ainsi je vous donne à lire ce que j’aime. Vous ne connaissiez pas Machrab ? Est-ce une raison suffisante pour que je ne le cite pas alors que ce qu’il dit provoque, en moi, une infinité de résonances ? Etes-vous sûr d’ailleurs que ce poète ait existé ? Qu’en savez-vous ? Pourquoi voudraient-ils que je parle de Macao, de Hongkong, de Canton ou de Manille que je ne connais pas — ou si peu… Toute imagination trouve ses limites dans l’impossibilité où elle est d’ignorer la réalité du monde : j’aurais pu situer mon récit à Rogala ou à Gondal, au pied du moulin à vent du Delfs Hafen de Rotterdam, au pays des Yahoo ou derrière le miroir, mais je ne suis pas sûr que l’effet aurait été le même… L’histoire et le récit ici s’enchevêtrent et m’entraînent dans un tourbillon de regrets que je n’arrive plus à vraiment maîtriser. Peut-être est-ce simplement mon retour à Paris, les déceptions de mon voyage à Barcelone, qui me rendent si mélancolique : je reconnais ne plus très bien savoir si ma vie a encore un sens, plus exactement si je peux lui trouver encore un sens à dérouler…

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