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Écrits de Marc Hodges
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17 janvier 2014

la conscience est un risque qu’il faut assumer


Alors que je croyais bien le connaître, au fur et à mesure que je progresse dans ce récit, au travers des découvertes qu’il m’oblige à faire, Stanislas me devient davantage une énigme. Je croyais bien le connaître, je m’aperçois que je me suis trompé : je ne me serais jamais imaginé devenir plus métaphysicien que je ne l’étais. Comment concilier, par exemple, le Stanislas qui lentement se dessine ici et celui de la conversation que nous avons eue à son dernier retour de Tachkent ? Il me rapportait un débat philosophique qu’il avait eu avec un de ses jeunes cousins de Tachkent. Comme le monde entier, l’Ouzbékistan changeait et la religiosité y réapparaissait. Son cousin était attiré par le soufisme. Leur discussion avait commencé par une discussion sur le sens de quelques vers du poète Machrab :
 
Si tu es un vrai amant, sacrifie ton âme jour et nuit,
Hurle tous les jours sous la douleur de la séparation,
Ne te laisse pas prendre à l'attrait de boucles chinoises…
Si douleur et souffrances de la séparation te touchent, cache-les :
Une autre vie ne prolongera pas ta vie tant que ta belle ne se montrera pas.
 
Son cousin interprétait l’amour comme l’amour divin sans lequel disait-il la conscience de l’homme est inutile car toute tournée vers la seule satisfaction des nécessités vitales et que, dans ce cas, il valait mieux être inconscient comme les animaux qui, ainsi, ne connaissent pas le malheur. Bien entendu, Stanislas s’était élevé contre cette interprétation. Pour lui, l’unité de l’homme n’était pas à charger dans un au-delà à lui-même mais dans une empathie tournée vers les autres hommes et dont l’amour était la figure la plus haute, « l’homme ne peut trouver son unité, disait-il, que dans ce miroir que l’autre tend à sa conscience, c’est là qu’il se justifie… Il est donc au sommet de son harmonie, de son unité, de soi-même, lorsque l’image qui lui est renvoyé est celle qu’il voit lui-même, lorsque l’amour qu’il éprouve pour l’autre est parfait et n’introduit aucune déformation… » Je le trouvai très idéaliste et le lui dit, « En fait, faute de Dieu, tu t’en crées un que tu appelles l’amour ; tu changes les termes mais c’est la même chose… Pour moi, chaque homme est seul, irrémédiablement, mais ce n’est pas désespérant comme le prétendent certains philosophes — Cioran, par exemple… Ce n’est pas désespérant car il peut trouver son unité en lui-même, dans son accord avec lui-même, avec ses actes, avec les choses, accessoirement avec les autres… » « A quoi sert de vivre, dit-il alors, si la vie ne produit rien de plus qu’elle-même ? », « La vie produit la vie et cette production est infinie, mais elle ne poursuit que ses fins propres… », « A quoi sert la conscience dans ce cas-là, la vie des plantes suffit à atteindre ce but !… », « Certainement… Pourquoi penser une téléologie, la conscience est un risque de plus qu’il faut assumer, elle n’est que conscience de soi, autoréflexive elle permet de se sentir être, affirme la force vitale qui, sans cela, n’est rien… » Nous avons discuté longtemps : il m’est impossible de résumer en quelques lignes une dispute de plusieurs heures. Nous n’avons pu nous mettre d’accord… Jusqu’à ce que, atteignant en moi un point sensible, Stanislas me lança enfin : « Comment peux-tu être revenu de tout, toi qui es allé nulle part !… ». Je m’en allai…
 
Il semble que vous ne soyez pas tous aussi sentimentaux  :
 
« Date: Mon, 18 Jun 2001 14:54:01 +0100
From: Carmen Bourrelier <cbourrelier@immedia.univ-paris12.fr>
Reply-To: cbourrelier@immedia.univ-paris12.fr
X-Accept-Language: fr
To: BALPE Jean-Pierre <jbalpe@away.fr>
Subject: roman
Status: R
 
J'essaye de décrypter au travers du roman (que je trouve un peu délayé à l"eau de rose" ces derniers jours !) si tu es à Paris ou non. Je me demande si tu n'es pas à Barcelone... (Un jour j'irai en Ouzbekistan et proposerai de retrourner sur les traces de Stanislas)
 
A bientôt
Carmen »
 

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