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Écrits de Marc Hodges
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31 octobre 2013

Le luxe de l’exil…

Je ne sais s’il faut vous donner les mails que je reçois dans leur version originale. Celui-ci m’a cependant paru trop important pour que je prenne le risque que certains des lecteurs qui l’auront reçu ne puissent le comprendre :


«Date : Fri, 8 June 2001 09:02:09 -0800
Subject : Le luxe de l’exil…
From: Vernon WOOLDRIDGE <wooldridge@planet.com>
To: Jean-Pierre BALPE <jbalpe@away.fr>

Je ne sais comment me parvient votre mail-roman, un ami, peut-être, sachant mon intérêt pour l’Ouzbékistan vous aura donné une adresse par laquelle il transite. Ce n’est pas important ! Ne cherchez pas non plus à savoir quel est mon véritable nom, j’ai assez de connaissances en informatique pour vous faire parvenir ce mèl sous un nom et une adresse d’emprunt. Si je vous écris aujourd’hui c’est simplement que je pense pouvoir vous aider dans la recherche de la vérité. J’étais en effet, de 1987 à 1992, responsable de la prospection pétrolière en Asie Centrale pour une grande compagnie américaine dont peu importe le nom. A ce titre, vous vous doutez bien — suffisamment de scandales l’ont prouvé ces temps-ci — que l’intrication entre les relations industrielles, commerciales, financières et politiques étaient assez étroites. J’ai été en effet amené à fréquenter, souvent d’assez près, de nombreux haut responsables de toute la région… Ce que je veux vous dire c’est que, à l’époque où vous situez les événements principaux de votre récit, rien n’était très clair. Pensez que la situation géopolitique passait lentement d’un immense état apparemment stable à un grand nombre d’états plus petits confrontés, pour de multiples raisons, à une instabilité nouvelle. En septembre 1988, par exemple, j’ai été, comme on dit, approché par un militaire important de la région d’Andijan : celui-ci avait profité d’un cocktail officiel offert par ma société dans les locaux de l’hôtel Intourist pour me faire une proposition étonnante. Je le vois encore : vêtu en civil mais avec de nombreuses décorations sur la poitrine, assez grand, épaules larges, nuque raide, regard noir profond sous d’épais sourcils, il s’approche de moi et, sous prétexte de prendre un verre sur le buffet devant lequel j’étais, m’adresse la parole… J’ai très vite compris que c’était un personnage important, je l’ai donc écouté puis, comme sans y penser, l’ai entraîné vers une terrasse un peu isolée à l’entrée du jardin. Bien que ne disant rien de précis, nous nous étions compris… Notre conversation semblait porter sur des banalités : la vie qui passe, les choses qui changent, l’incertitude des lendemains, etc… et, à nous entendre, on aurait pu croire que nous étions des gens vides nous gargarisant de banalités mais nous savions tous deux que sous ces mots quelconques, ce qui était dit avait une importance pragmatique réelle… « tout le monde ne peut pas s’offrir le luxe de l’exil » disait par exemple mon interlocuteur et je comprenais aussitôt qu’il me proposait ses services ; « il y a toujours eu, partout, des gens malhonnêtes » et je savais qu’il était près à me livrer certains de leurs anciens collaborateurs… Tout était à l’avenant. A l’époque, nombreux étaient ceux qui cherchaient à se faire une virginité nouvelle en vendant à leurs anciens ennemis ceux qui les avaient aidé à les combattre. Croyez-moi, je sais que les « disparitions » de Zita comme de Stanislas doivent être pensées dans ce contexte…»

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