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Écrits de Marc Hodges
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27 octobre 2013

Je n’arrive pas à imaginer une seconde que tout ça soit vrai

«Il y a quelque chose de pourri au sultanat d’Ouzbékistan… » je me souviens de cette remarque de Stanislas qui m’avait amusée en 1987 je crois, au retour de son dernier voyage en Ouzbékistan. En tous cas, c’était après qu’il soit allé chercher Zita à Vienne puisque je me souviens très bien qu’il avait refusé qu’elle parte avec lui et qu’il m’avait demandé, craignant qu’elle ne s’ennuie à Paris où elle ne vivait que depuis peu de temps, que je m’occupe d’elle. Ce que j’avais fait, l’invitant, malgré une hostilité assez peu diplomatique de ma femme, plusieurs fois à la maison, l’emmenant pour un week-end dans notre maison de campagne des bords de la Seine et allant avec elle une ou deux fois à des concerts ou au cinéma… Mais passons, ce n’est pas de cela que je veux vous parler aujourd’hui mais du récit étrange que Stanislas me fit devant elle quand il fut revenu…

« Les choses bougent en Ouzbékistan, l’empire métopage de l’ours se disloque, ça craque de partout… Te souviens-tu de Monsieur Propagande avec qui nous avions longuement discuté il y a déjà dix ans ? En 1979, c’était alors en pleine glaciation Brejnevienne et rien ne bougeait… Aujourd’hui c’est la perestroïka, tout bouge dans tous les sens au point d’ailleurs que personne ne s’y retrouve… Monsieur Propagande a fondé un parti, Birlik, le parti Liberté, qui fédère à peu près tout ce que notre pays compte d’intellectuels. Curieux parti d’ailleurs qui prétend, comme beaucoup d’autres avant lui défendre le peuple mais qui n’est compris que de l’intelligentsia. Passons… Monsieur Propagande a voulu me voir : nous avons choisi un lieu neutre, nous sommes donnés rendez-vous à Samarkand, au discret mausolée de Burkhaneddin Sagardji, ou, si tu préfères au Rukhabad où nous avions été photographiés ensemble coiffés d’un lourd bonnet d’astrakan… Toujours aussi rondouillard, replet, bouffi de pilaf et de vodka, il a tenu à m’expliquer la situation telle qu’il la voyait : les choses changeaient, elles changeaient vite. Bientôt l’Ouzbékistan serait indépendant et il entendait bien y jouer un rôle. De plus l’Islam cognait à leurs montagnes, ils auraient besoin d’alliances avec l’occident… Pour ça il leur faudrait donner des gages, laisser tomber des gens compromis dans l’ancien système d’autant qu’il y avait de féroces luttes internes… Sans aucun doute il y aurait des dégâts… Il comptait sur moi… J’avoue ne pas avoir très bien compris s’il s’agissait d’un avertissement, d’une menace, d’un conseil ou d’une demande d’aide. Peut-être tout à la fois… »

Je compris que Stanislas avait besoin de parler mais qu’il ne le pouvait pas alors. J’aurais dû insister, peut-être, vu ma situation, à cette époque j’aurais pu encore l’aider. Mais à quoi bon… Ce qui est fait est fait ! Comment vous faire percevoir la situation paradoxale où se trouvent ces lettres qui ne sont, dans le déguisement permanent auquel m’oblige la réalité de leur réalité, rien de moins que des récits de récits…

Subject : De quoi nous parlez vous ?…

From: Miriada MONCHARMON <moncharmon@truenet.fr>

To: Jean-Pierre BALPE <jbalpe@away.fr>

Xpriority : 3

Il y a tant de gens qui ont connu votre Stanislas que je me sens stupide de ne pas en faire partie. Je ne l’ai pas connu, je n’ai connu aucun des personnages dont vous parlez, aucun des lieux… même pas Paris bien que vivant en France et si je lis vos courriers ce n’est que comme de la fiction. Je n’arrive pas à imaginer une seconde que tout ça soit vrai et pourtant je n’arrive pas non plus à imaginer une seconde que tout ça soit entièrement faux… C’est un étrange paradoxe mais j’avoue qu’il ne me déplaît pas… Continuez et, même si je ne vous connais pas non plus, laissez-moi vous faire la bise…

Miriada»

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