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Écrits de Marc Hodges
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20 octobre 2013

Rien n’aurait pu le laisser pressentir

J’aurais dû intituler ce livre Les sacrifices de l’amour ou plutôt Sacrifice de l’amour mais vous et le temps en avez décidé autrement. « Comment juger Zita puisque je l’aime ? me dit Stanislas… Je n’ai jamais compris qu’elle m’ait quitté. Bien sûr il y avait eu ces agressions dont elle avait été victime la peur que je sentais monter en elle au fur et à mesure que les menaces se précisaient nous acculant à des décisions difficiles mais cependant… Je l’aimais… Plutôt nous nous aimions car aujourd’hui encore je n’en veux pas douter. Après sa sortie de Roumanie, nous avons eu deux ans d’amour fou, deux ans pendant lesquels nous ne nous sommes quittés que lorsque nous ne pouvions pas faire autrement avec chaque matin, la même joie, au réveil, de nous retrouver côte à côte ; la même joie de nous coucher en nous enlaçant ; le même enthousiasme à écouter cent fois chacun les mêmes récits de l’autre… Pourvu que nous puissions nous apercevoir, chacune de nos heures était une heure d’extase originale. Nous avions attendu sept ans et nos actes, à tout instant, n’avaient d’autre but que de cicatriser les stigmates de cette trop longue déchirure… Machrab… Te souviens-tu de Machrab : « Va, tu as beaucoup à te plaindre des souffrances de la séparation… Il faut partir : bien et mal alors s'en iront… » ? Comme une pommade sur une meurtrissure, jusqu’à sa venue, la poésie m’avait aidé à vivre : je n’étais pas préparé à une autre plaie.
C’est le 11 mars 1989 qu’elle m’a quitté, comment serait-il possible de l’oublier ? Rien n’aurait pu le laisser pressentir : nous étions pour quelques jours chez des amis à Vienne et la vie était toujours belle. Au matin, nous avions fait longuement l’amour puis vers onze heures avions décidé d’aller promener au Prater ; faire un tour dans la célèbre Riesenrad semblait tout indiqué à notre soif de romantisme : jouant comme des enfants à croire que nous avions peur, nous avons, enlacés, fait un premier tour. Puis Zita a dit qu’il ne fallait oublier ni ce jour, ni cet instant particulier, que nous devions construire nos souvenirs. Elle est remontée dans la grande roue, me demandant de la photographier au téléobjectif, s’est mise à la fenêtres d’une cabine ; ce serait ensuite mon tour… Quand, à la fin de la rotation, je suis sorti de la cabine, elle n’était plus là: sur le banc qu’elle occupait quelques secondes auparavant, l’appareil photo et une enveloppe portant mon nom. A l’intérieur, un message : « Ne me cherche pas Stanislas car je dois disparaître : tu ne pourras jamais me retrouver… Quoi qu’il en soit j’ai vécu avec toi deux années merveilleuses »
J’ai couru comme un fou dans les allées du parc, tant hurlé son nom que des policiers sont intervenus, marché des heures… Quoi que j’ai pu faire, jamais je n’ai plus eu le moindre signe de Zita…

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