Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 764
Archives
14 mai 2013

crise psychologique

Je ne sais pas non plus en quelle posture je dois me mettre, je ne me sens pas bien, ne crois plus à rien de tout ce qui déterminait mon existence. Le regard que ce récit m’oblige à faire sur mon passé est d’une brutalité inattendue: je croyais avoir réussi ma vie; pensant à Stanislas, Robertelli, Dourraboue, Bissonnier, Mayeranoff… je doute. M’asphyxiant toujours de tâches plus urgentes les unes que les autres, je n’ai jamais été sujet à de telles crises métaphysiques, mais le passé me rattrape et Stanislas, Didier en un mois et demi sont des évidences trop violentes pour que je puisse les ignorer. Je ne peux m’empêcher de penser qu’ils ont vécu ce que je n’ai pas été capable de vivre: le saut dans l’inconnu, l’abandon de la voie tracée et, si la vie les a broyée, ils ont dû connaître des moments de passion, de frayeur, de tension, d’une intensité que je n’ai jamais approchée. Je sens que sont finis pour moi ces jours tranquilles où je n’avais rien à souhaiter où, dans la plate certitude de mon rôle social, je n’avais besoin que de l’inconscience de l’habitude. Mes buts étaient définis et, somme toutes, parce qu’ils ne remettaient jamais rien profondément en cause, faciles à atteindre: une femme, des enfants, des promotions, quelques articles dans de bons journaux, des félicitations pour un rapport, des applaudissements à la fin d’une conférence… un pas après l’autre… et, peut-être parce que je marchais vite, je ne voyais devant moi que le chemin qui m’avait été balisé. Quarante deux ans… J’ai quarante deux ans or si je regarde en arrière, si peu de choses surnagent de l’étale conforme de ma vie que j’ai le sentiment d’avoir fait du surplace: pas de repères, une immobile monotonie… Ne m’accablez point mais ne me laissez pas non plus à moi-même car j’ai besoin de vous… Je n’en peux plus, je tombe d’accablement, l’écriture seule de ce récit me soutient encore, mais saurez-vous me pardonner tant d’impudeur ? J’attends vos réponses… Elles vont décider de mon attitude car ce n’est peut-être pas tant ma situation qui me désole que votre silence: la sympathie seule, l’affection — car je n’ai jamais osé d’autre mot plus fort — en effet me permettent aujourd’hui de croire que la vie a un sens. J’ai été lâche: j’ai abandonné l’amitié pour la conformité tranquille. Pourquoi n’ai-je jamais essayé de revoir Didier? Il était en prison, rien de plus facile que de lui rendre visite… Pourquoi ai-je ignoré la famille de René Robertelli ? Un geste de moi leur aurait sans doute apporté beaucoup de réconfort… Quand Zita est partie, j’ai si peu fait pour aider Stanislas… et quand à son tour il a disparu, je n’avais non plus rien su devine ; pourtant dans ces Syllogismes de l’amertume de Cioran qu’il m’avait offert quelques jours avant n’y avait-il pas un appel à l’aide ?

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité