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Écrits de Marc Hodges
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10 mai 2013

fuite

« Donc, reprend le colonel posant son verre sur la table, vous êtes le fils de Jack Peterson et d’Émily Cline… Il s’interrompt : je vois que ça vous intéresse… » « Bien sûr mais je ne vois toujours pas en quoi ça vous concerne et où vous voulez en venir… » « C’est simple dit le colonel, maintenant que les bases sont posées, je peux accélérer. En 1963, un an après votre naissance, votre père, qui fréquentait quelques voyous, est impliqué dans un hold-up minable à Scarborough. Dénoncé par un complice qui, ayant laissé tomber son portefeuille dans la banque, est arrêté le lendemain, il ne lui reste plus qu’à s’enfuir au plus vite. Durant la nuit, il monte dans le premier cargo qui lui paraît accessible et se cache dans la cale. Bien sûr, il ignorait tout de ce qu’il y avait dans ce bateau comme de sa destination. En fait, il transporte pour l’armée américaine des munitions à destination de Da Nang… » « Votre histoire est rocambolesque, l’interrompt Peter Peterson. » « C’est la vie qui est rocambolesque, dès que l’on sort des cadres établis et conventionnels — et même dans ce cas — l’aléatoire et l’invraisemblable sont la règle mais… laissez-moi continuer » « Allez-y, acquiesce Peter » « La traversée est longue, difficile mais votre père se débrouille pour voler des restes dans la cuisine ou quelques nourritures dans les cales. Il arrive ainsi à rester ignoré durant tout le voyage dont il ne connaît pas vraiment la durée. Enfin, un jour, du moins c’est ce que je suppose car sur les détails de cette période je n’ai pas de vrais certitudes, il se rend compte que le bateau est à l’arrêt. Il attend la nuit, se hasarde sur le pont, vois qu’il est dans un port. Bien sûr il ne sait pas lequel mais il se dit que si la chance lui a souri jusque là, elle peut ne pas durer, qu’il vaut mieux abandonner le cargo. Il repère un câble d’amarrage, se laisse glisser à terre mais… le colonel s’arrête un peu comme s’il voulait ménager un effet de surprise » « Mais ?… » « à peine a-t-il mis un pied à terre qu’il sent le canon d’un revolver appuyé sur son dos et une voix, dans un accent étranger qu’il ne peut identifier, lui dire doucement : pas un geste où tu es mort. Il croit être tombé sur un garde du port ou un membre du navire ou un policier. Il ignore, bien entendu que c’est moi qui l’ai repéré. Il ne pouvait en effet savoir que, me faisant passer pour un vendeur de Pho et de beignets j’étais, sur le port, en mission d’espionnage et que j’avais aussitôt compris tout le parti que je pourrais tirer pour mes supérieurs de ce passager clandestin. » Le colonel regarde intensément Peter Peterson comme pour évaluer la confiance que celui-ci faisait à ses dires. Comme Peter ne dit rien, il reprend : « Je lui ai dit que j’attendais de lui des renseignements et que, s’il ne me les donnait pas, je n’hésiterais pas à l’abattre et à le faire tomber dans les eaux huileuses du port. » « Quels renseignements me dit-il ? Si tu range ton revolver et me dis où je peux trouver à manger, je te donnerai tous ceux que je peux te donner. » « Je compris alors que je pouvais lui faire confiance. »

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