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Écrits de Marc Hodges
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1 mai 2013

le bonheur d'être (2)

Ma dernière page me paraît soudain un peu superficielle car je ne m’y explique pas vraiment sur mon « sentiment » de vie et pourquoi j’ai été conduit à adopter l’attitude qui est aujourd’hui la mienne. Comme je tiens ce journal pour moi-même, pour m’obliger à « être au clair » sur mes comportements, que je ne pense pas vraiment avoir un lecteur, qu’au mieux un de mes enfants — ou de mes petits enfants — y jettera un jour de désœuvrement un regard amusé, que je ne cherche pas à le publier, rien ne m’interdit de tourner longuement autour du même point pour le dégager davantage.

Je me situe en fait quelque part entre épicurisme et bouddhisme, attiré par la pensée de la vacuité et de la compassion (cette curiosité absolue de tout ce qui existe et se produit autour de moi) j’ai trop le culte du corps pour accepter une pure vie de méditation. J’aime mon corps. Il ne faut pas entendre cette affirmation au sens d’un quelconque narcissisme qui laisserait croire que je me trouve beau et m’enferme dans la contemplation esthétique de mon être. Il n’en est rien. Ce que j’aime dans mon corps, c’est son fonctionnement : j’aime sentir mon corps fonctionner. J’éprouve même une réelle jouissance à vivre mon corps, à respirer, bouger, me détendre… Depuis toujours — du moins depuis aussi longtemps que je me souvienne — j’ai pris l’habitude d’observer toutes ses fonctions qui me sont accessibles, y compris celles qui sont les plus naturelles. Respirer, par exemple, ce que la plupart des humains font sans y penser m’est un terrain constant d’observation : inspirer, expirer, sentir l’air pénétrer mes poumons, les sentir se gonfler, se détendre, aller jusqu’à la limite, voir combien de temps je peux conserver l’air en moi, avec quelle lenteur je peux le rejeter… Tous ces actes minuscules sont pour moi des moments possibles de jouissance. La douleur elle-même — mais il est vrai que j’ai eu la chance de ne jamais en éprouver de trop cruelles — douleurs dentaires, articulaires, maux de tête, blessures… me sont autant de terrain d’analyse aussi, plutôt que d’avoir recours à des aides extérieures — médecin, remède…— je m’efforce de la cerner mentalement, l’examiner, la mesurer, d’agir sur elle par le mental de façon à ne jamais me laisser déborder. Car si j’ai un culte du corps j’ai aussi une confiance absolue dans la puissance de l’esprit qui permet, lorsqu’on l’utilise avec assurance, de dépasser ce que l’on croyait être ses limites. Ainsi, rien de ce qui, de l’extérieur, s’impose à mon corps comme le froid, la pluie, l’humidité, la chaleur n’échappe au filtre mental que je m’impose : le froid n’est alors qu’une variante de sensations que je jouis de maîtriser. Respirer profondément dans un froid vif, le faire pénétrer au centre de mon corps me permet d’équilibrer les sensations et d’espérer les dominer. Pas de rejet du monde, mais au contraire une constante volonté d’absorption. J’aime ainsi passer de longues minutes, les yeux fermés, dans une position de repos à essayer de percevoir intellectuellement ce que représente telle ou telle sensation même la plus infime. Une petite démangeaison par exemple est un terrain d’observation et de contrôle.

Ce que je cherche profondément, c’est l’équilibre dans la jouissance infinie d’être. À côté de cela, bien des choses paraissent dérisoires.

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