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Écrits de Marc Hodges
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30 avril 2013

le bonheur d'être (1)

Je me suis souvent, au cours de ma vie, demandé si j’étais vraiment obligé de travailler. Il faut vivre me répondait mon entourage et tu n’as pas les moyens de vivre sans travail… Est-ce bien vrai ? Cela dépend de ce que l’on entend par vivre. Si vivre c’est se lever tous les matins à la même heure, à la même heure aller tous les jours au bureau, en partir à la même heure et se dépêcher de rentrer pour manger puis s’endormir devant des émissions de télé inepte pour, au matin suivant, avoir assez de force pour reprendre le cycle, je ne crois pas que travailler soit bien utile. Bien sûr je dois payer ce que l’on appelle le confort, voiture, appartement, téléphone, électricité, chauffage, Internet, disques, livres, boissons plus ou moins alcoolisées ; bien sûr je peux aller au restaurant, inviter quelques amis, aller de temps en temps au cinéma ou au concert ; bien sûr je peux me payer des vacances dans des pays plus ou moins exotiques… Mais à quel prix ?

Mais, me disait encore mon entourage qui est d’une prudence extrême, il faut aussi penser à la maladie, la vieillesse, la retraite, le chômage, le chômage… les impôts et toutes les obligations sociales…

Je ne vivais donc que dans la crainte de ne plus pouvoir vivre et consacrais le temps où j’étais en pleine forme pour celui où je ne serais plus capable que de me traîner comme un légume ?

Tentation de la retraite, un jour, j’ai décidé de quitter ce monde pour un autre où je n’aurais de compte à rendre à personne. M’installer seul dans un des rares lieux où le mot « nature » a encore un sens ; j’ai trouvé, dans une vallée perdue d’une montagne moyenne un terrain dont personne ne voulait plus tant il était loin de tout et difficile d’accès, avec mes petites économies, j’ai fait bâtir une simple cabane où je peux me chauffer d’un poêle à bois, cultiver un petit jardin, me contenter de contemplation et de paix… Je me suis en effet mis à l’écart et trouve dans la vie simple que je me suis créée une paix inestimable. Je ne vois personne — ou si peu —, ne quitte que très rarement mon refuge. J’y mourrai certainement ignoré de tous, ma mort passera totalement inaperçue et ce sera bien ainsi. Nulle amertume dans cette attitude, nul orgueil mal placé, j’essaie simplement de donner au mot « vie » sa signification la plus forte, faire qu’aucune des secondes qui me sont données ne soit vide de sensations physiques et mentales, être pleinement dans l’instant, éprouver dans tous mes gestes leur plénitude ; sans projection ni vers le passé, ni vers le futur, atteindre un état de perfection sensuelle, débarrasser ma pensée de tout ce qui la tire vers autre chose que la réceptivité au bonheur d’être. Je crois être enfin parvenu à me débarrasser de toutes les tentations nuisibles qui me nuisaient tant autrefois.

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