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Écrits de Marc Hodges
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29 mars 2013

exfiltration

Même si pour certains d’entre vous je les imagine, je ne sais à quoi vous passez vos journées ; en ce qui me concerne, celle-ci faite de réunions à la préfecture de Mende avec des notables locaux n’avait rien de réjouissant. Heureusement, avant le dîner officiel chez le secrétaire général, j’ai pu faire une longue promenade dans les rues fraîches et tranquilles de cette ville hors du temps. Au-dessus d’une fontaine, j’ai eu la surprise de découvrir une statue de sainte noire : sainte Zita… La vie a des coïncidences étranges !… C’était comme si le thème de ma lettre du jour m’était dictée par le hasard qui, s’il ne dicte pas les événements, les fait si souvent exister… Stanislas :
« C’est en décembre 1983 que j’ai revu Zita… à Namangan… Comme en 1982, elle avait pu m’avertir d’une mission officielle: elle accompagnait cette fois, je ne sais quelle délégation militaire: mon grand-père m’a facilité les choses… Elle n’avait pas changé, toujours aussi belle: huit jours merveilleux, une passion intacte… Puis nous nous sommes quittés à nouveau. C’est alors que les choses se sont gâtées pour elle, comme si la securitate savait quelque chose et commençait à se méfier: elle n’avait plus obtenu d’autorisation de quitter la Roumanie, elle était la cible constante de menaces imprécises, travailler lui devenait de plus en plus difficile comme si elle était sur une liste noire, son courrier était manifestement surveillé, il lui semblait parfois être suivie, elle sentait que les officiels la regardaient avec méfiance… Bref dans ce pays où chacun contrôlait tout le monde, où le regard de Big Brother pesait sur tous, elle se sentait devenir pestiférée. Ça a duré trois ans jusqu’à ce qu’un soir de décembre 1986, rentrant dans la maison de ses parents, dans un quartier d’habitude tranquille, elle soit violemment attaquée par deux inconnus, jetée à terre, dévêtue… elle aurait été violée si l’arrivée d’un groupe de gens n’avait pas, par hasard, fait fuir ses agresseurs. L’avertissement était clair, Zita était en danger, sa situation devenait intolérable… Je me suis longtemps demandé ce que je pouvais faire… c’est Pacôme qui m’a aidé… En mai 1987 le ministre roumain de la culture lui demande de diriger l’orchestre symphonique national pour une tournée dans quelques républiques populaires, dont la Bulgarie. Nous avons alors combiné un plan: à Bucarest, Pacôme acheta sa traductrice habituelle pour que, malade, elle ne puisse pas l’accompagner dans sa tournée et s’entremette auprès du responsable du bureau des interprètes… Celui-ci accepta de proposer Zita comme remplaçante. Ça n’a pas été très facile mais, dans l'ahurissante pénurie roumaine de l’époque, personne ne pouvait se permettre de refuser quelques milliers de marks… Zita suivit donc l’orchestre symphonique à Budapest. Pacôme ne risquait pas grand chose: une expulsion de Roumanie, au plus la fin de ses contrats avec l’orchestre symphonique… D’autant que, si l’orchestre devait revenir sur Bucarest, lui-même devait le laisser à Budapest pour aller à Vienne où l’attendait un autre contrat. Tout s’est passé à la perfection: le soir du concert de clôture, Zita a disparu. La commissaire politique de l’orchestre s’est agitée, a réclamé des explications, ameuté une police bulgare plutôt goguenarde : elle n’a rien pu faire… Tous les musiciens ont affirmé que Zita était entrée avec eux dans l’opéra, qu’ils l’avaient vue dans les coulisses puis oubliée pendant le concert. Rien de plus… L’ambassade de Roumanie a demandé à Pacôme quelques explications formelles … Sans plus… Comme si ça n’avait pas d’importance, et tout en est resté là… De mon côté, j’étais allé à Vienne, j’avais payé un passeur hongrois: il lui a fait quitter le pays et rejoindre Pétronelle où je l’attendais. Je me suis arrangé pour l’amener à Paris. »

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