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Écrits de Marc Hodges
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31 janvier 2013

Fin de thèse

latoile3

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En tout cas, prendre en compte ce phénomène est intéressant. Il signifie que le réseau, interconnexion universelle, a, de fait, cloisonné la communication. Autrement dit, alors que les possibilités théoriques de rencontres y sont plus ouvertes que n’importe où ailleurs, la communication y serait devenue fermée. Pour exagérer un peu: certains intégrés sont enfermés dans des groupes spécialisés — collectionneurs de timbres ou de masques Aborigènes himalayens… — et n’en sortent pas. L’universalité est devenu un enfermement. D’une certaine façon, tous les intégrés sont devenus des intégristes. Le jeu de mots stimule Blaise Carver. L’explication est là… D’une certaine façon, le réseau ne peut que susciter des sectes; des espaces clos de croyances. Loin d’être un épiphénomène sur le réseau, elles représentent un paroxysme de la communication. Le paroxysme noir. À la fois symbole et caricature. Pour cette raison, seules les sectes, plus exactement les réseaux de sectes, peuvent faire le lien entre intégrés et désintégrés. Le web a créé son propre démon.

Cette idée est passionnante. Il y aurait ainsi un envers, un océan de Dirac du réseau où tous les effets s’inverseraient. Ce qui est blanc à l’endroit devient noir à l’envers et réciproquement. Le web a son monde ouvert, généreux, utopiste… D’une certaine façon communautaire, anarchiste, sans chef ni contrôle. Il a aussi son monde fermé, intégriste, dirigiste, hiérarchisé, aliénant… Dire “comme tout” est une remarque superficielle: si la dialectique est une composante du monde, il ne s’agit pas ici d’effets dialectiques — qui supposent un minimum de contact — mais de séparation. Chacun de ces mondes est, sur le même réseau, autonome. Chacun ignore complètement l’autre. Se développe en autarcie avec ses propres règles. Lorsque, en tel ou tel point, ces espaces se rencontrent, ce ne peut être pour communiquer mais pour s’exploiter ou se combattre. Comme dans tout combat, la culture de la certitude est plus efficace que celle du doute. L’homme se nourrit de son potage d’inquiétudes: le monde noir a toutes chances de triompher du monde blanc. Sa vérité balisant ses chemins, armé de ses certitudes absolues, l’intégriste est plus sanguinaire que le démocrate. La faiblesse du réseau est celle des démocraties.

Blaise est maintenant bien éveillé. Inutile de lutter. Il regarde à nouveau l’heure: quatre heures quarante-trois. Son cycle est de trois heures. Maintenant il ne s’endormira pas avant six heures; et ce sera trop tard. Après tout, une nuit blanche ne le tuera pas. Ce ne sera pas la première. Autant se lever, boire un café, noter ce qu’il a en tête avant qu’il ne soit trop tard. De toute façon, l’écriture lui permettra de clarifier tout ça. Les rapports entre communication technique et communication humaine, notamment. Peut-être même ceux entre communication et communion. Blaise aime bien les jeux de mots souvent révélateurs. Il lui apparaît soudain que, pour les sectes, le parangon du réseau doit être la communion universelle. C’est comme un éblouissement: les théories de Sarpedon sur l’unité de l’intellect… Une telle coïncidence ne peut être un hasard ! Et Kharamidov là-dedans ? Comment communiait-il, lui le mystique sûfi, sur le réseau. Quel symbole le web jouait-il dans son univers ?

Blaise se prépare un café: va falloir creuser sérieusement tout ça;

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