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Écrits de Marc Hodges
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6 janvier 2013

Comment peut-on être persan ?

Il me vient de temps en temps, lecteurs, des idées assez peu favorables au courage qui m’est nécessaire pour la poursuite de cette correspondance; ne me poussez pas à la faillance. A vous entendre je n’en ferais pas assez — ou trop… — cela dépend des jours et des interlocuteurs. Toutes vos lettres sont pleines de demandes contradictoires et, bien qu’il semble même parfois que vous vous jouiez de moi, rassurez-vous, je m’efforcerai d’être constant dans ma volonté de mener cette entreprise à terme…

 «Date : Wed, 16 May 2001 03:55:21 +0400
Subject : Re : Mail-roman « Rien n’est sans dire », courrier N° 35
From: Jean-Pierre BALPE <jbalpe@away.fr>
To: INCONNU <nobody@elsewherenet.tv>

Tu sais maintenant que je lis tes courriers: ne me demande pas comment je les obtiens, je ne te le dirai pas et tu n’as aucun moyen de m’interdire de les recevoir… A moins que tu ne décides d’interrompre l’écriture de ce récit dans lequel toi et tes lecteurs êtes maintenant bien engagé. Mais j’ai lu — ne me demande ni où ni quand — que la presse française avait parlé de ton projet; devenu public, il te sera plus difficile encore de t’en dégager sans renier la raison d’être de ta démarche. Tu t’es pris à ton propre piège…
Je suis à la fois amusé, ému, heureux, déconcerté et admiratif devant ce que tu écris car je me reconnais sans me reconnaître. J’admire notamment ce mélange sucré-salé de mensonge et de vérité, le tissage que tu fais de ton monde rêvé et du monde réel, la façon dont, peu à peu, tu te rapproches des solutions que cachent les énigmes de ces fameuses disquettes Zip mais je ne t’en dirai rien car il faut que tu découvres tout par toi-même. Je sais, cela a l’air absurde, mais je ne dois pas intervenir dans ce qui doit être ton aventure personnelle car, à travers elle, j’apprends plus sur toi que je n’ai jamais pu le faire. Ainsi nous persistons à poursuivre ensemble, mêler nos vies dans ce jeu de l’être et du paraître que constitue toute existence. Ainsi je ne comprends pas, par exemple, pourquoi tu ne parles que de celui que tu appelles René Robertelli, et dont nous connaissons tous deux l’identité véritable, pas plus que je ne saisis le besoin que tu as de nous rajeunir? Que crains-tu? Aurais-tu peur d’avouer que tu ne fus pas toujours seulement ce témoin extérieur que tu prétends être?

Ton ami fidèle, Stanislas »

Vous allez me dire que je m’inquiète toujours et que sous des propos transparents je ne sais voir que la boue du mensonge… Mais n’est-ce pas étrange ces manifestations de Stanislas? Quel crédit y porter? Je me sens depuis quelques jours d’une mélancolie qui m’effraie; j’évite le monde; je redoute la solitude; je me crains plus que tout et plus encore que cette crainte m’anéantit le poids de l’imagination nécessaire… Qui parle à qui dans ces croisements infinis du réseau où tout masque à la fois révèle et voile…

«Sender: buttazzoni@altern.org
Date: Mon, 14 May 2001 20:56:31 +0900
From: Augustine Buttazzoni <buttazzoni@altern.org>
Reply-To: buttazzoni@altern.org
X-Accept-Language: en
To: Jean-Pierre Balpe <jbalpe@away.fr>
Subject: Re: Mail-roman "Rien n'est sans dire", courrier N° 34

Jamais tu vas dans des endroits moins chics, comme Vesoul par exemple? Moi j'arrive même pas à prononcer les noms de tous ces endroits dignes de Flaubert dont tu nous abreuves. J'aimerais bien voir Vesoul....
Augustine, qui vit depuis un mois de l'autre côté de l'Atlantique Nord et pour qui ce roman est devenu un petit lien avec la "maison"… mon dieu, où va se loger la nostalgie.... bon ça c'était une blague, mais je suis bien au Canada, ça c'est vrai, euh, ce roman déteint sur mon écriture…
Augustine Buttazzoni (buttazzoni@altern.org) »

«Comment peut-on être persan?» s’étonnait déjà Voltaire dont un des héros se prénommait d’ailleurs Uzbek… Le propre de l’écriture n’est-il pas de créer des mondes? Stanislas ne connaitra pas Vesoul, Mende peut-être ou Florac ou Cordes-sur-Ciel… Qu’y puis-je? Pourquoi faut-il que mes mots vous effraient, est-il nécessaire que les récits d’amour se situent à la Garenne-Bezons pour que vous vous sentiez plus à l’aise? Rien de plus simple, la fonction « remplacer » de votre traitement de texte vous permettra aisément de la situer au lieu de vos fantasmes et, pour cela, lecteurs, en cette époque d’exhibitionnisme généralisé, vous êtes certainement les plus qualifiés… Appelez Stanislas Rachid ou Pascal et Zita, Nouria ou Germaine: ils seront ce que vous les désignerez surtout si cela convient à votre nostalgie!

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