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Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
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1 novembre 2012

début d'enquête parallèle

Bien décidé à écrire rapidement son roman —Marc Hodges est dans une phase difficile et, pour lui accorder une maigre avance, son éditeur demande qu’il lui envoie les cinquante premières pages du manuscrit— Marc Hodges a commencé son enquête. Tout d’abord, comme à son habitude, il a fréquenté les cafés. Le petit village de Recloses n’en ayant aucun, il s’est contenté de ceux de Fontainebleau susceptibles de diffuser les informations locales et donc, essentiellement des quatre installés autour de la place du marché. Ainsi, au café des Halles, il a offert à boire à l’inspecteur Bollé —en dehors du service bien entendu— et l’a longuement incité —Bollé adoptant l’air inspiré d’un chef d’orchestre inspiré— à parler de l’affaire. Mais comme ce dernier ne sait rien de plus que ce qui est paru dans la presse, ses révélations ne sont rien d’autre que des intuitions personnelles; or sa carrière ne plaide guère en faveur de leur caractère exceptionnel. «C’est encore un coup des braconniers, comme en 74, la vieille devait se balader, elle a vu ce qu’elle ne devait pas voir…» «Mais», objecte Hodges, «elle n’a pas été tuée d’un coup de fusil…» «C’est vrai… pas besoin… une vieille comme ça c’est fragile…» «Il semble qu’elle n’ait pas été tuée sur place…» «Paraît… faudra encore le prouver…» Il ne se pose pas même la question de savoir si le cadavre déterré à Recloses et celui de la grotte sont les mêmes, de leurs coïncidences et de leurs différences. Hodges comprend que Bollé, malgré la hauteur de ses sous-entendus, ne sait rien. Sa tournée des bistrots lui coûtera près de trente euros et ne lui rapportera rien: personne ne sait rien de sérieux… ragots, ragots, ragots…


Il décide alors d’aller visiter les lieux où le cadavre a été trouvé. Un matin, dès que le soleil est levé, il met de bonnes chaussures de marche, va garer près de l’hippodrome de la Solle et suit les balises du sentier de randonnée. Il ne tarde pas à atteindre l’abri sous roche pompeusement baptisé «grotte»: un triple ruban de plastique à bandes rouges et blanches en interdit l’accès; un avis indique «accès interdit jusqu’à nouvel ordre». Rien de spectaculaire: de nombreuses traces de pas entourant les rochers imprimées dans le sable montrent que le lieu a été un objet de visite intense et qu’il n’y aura certainement aucun indice important à découvrir à l’extérieur. Quant à l’intérieur, la police s’en est certainement occupée et elle doit être mieux équipée que lui… Hodges s’éloigne un peu, s’assied sur un rocher pour avoir une vue d’ensemble: il lui faut s’imprégner du décor, il veut se mettre à la place du ou des meurtriers, comprendre pourquoi ils ont choisi ce lieu si touristique. Il boit une longue goulée de la bouteille d’eau minérale qu’il a emportée dans son sac à dos, grignote une barre de chocolat… Le temps est humide, l’air semble empli d’eau, des odeurs de champignon et de bois pourrissants lui donnent une épaisseur certaine. Aux alentours du sentier de hautes fougères rendent la marche difficile: le meurtrier n’a pu venir que par le sentier en portant son cadavre. Sinon, il aurait laissé des traces remarquables dans le sable de gré toujours mouillé du sentier. Or, semble-t-il, personne n’a remarqué rien de tel. Dans ce cas, il n’a pu qu’emprunter la portion de sentier la plus proche de la route nationale, quelques centaines de mètres tout au plus. Marc Hodges décide d’inspecter soigneusement ce trajet. Il sort son appareil photo numérique, prend une série de clichés de la grotte, et commence très lentement sa marche.

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