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Écrits de Marc Hodges
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29 octobre 2012

L'œuvre de Kharamidov

— LXXXIV —


Montréal, mardi 30/12/2015, 21:19:59

“L’œuvre de Khamid Khan Kharamidov (1978-2015) est, certainement, une des plus importantes de ce début du vingt et unième siècle. Pour la première fois en effet, un artiste a su porter à leur perfection les possibilités d’expression artistiques offertes tant par le numérique que par l’interconnexion généralisée des réseaux. En ce sens, elle est inséparable de la modernité et de la technologie qu’elle dépasse dans une recherche permanente d’universalité.

Les images de Kharamidov ne représentent, ne présentent rien: elles ne renvoient qu’à leur fonctionnement. L’œuvre de Khamid Khan Kharamidov est une œuvre mystique. Bien loin d’une contemporanéité suspecte, ce qu’elle vise ce sont les interrogations humaines fondamentales. Car ce que les créations artistiques de Kharamidov montrent est, en même temps, ce qui est caché. La surface mobile de ses arabesques est profondeur. Son œuvre manifeste l’opposition dialectique du symbole et de ce qui est symbolisé. Si les symboles sont multiples, c’est qu’aucun être ne saurait exister que par l’Être. Le symbolisé ne peut être réduit au symbole, le symbolisé est ce qui ne peut se dire directement, autrement que par le symbole et que, pourtant, le symbole, dans son aspect statique échoue à dire. Par son travail graphique, Kharamidov affiche sa filiation avec les langues orientales qui, au risque assumé de se perdre dans l’incommunicable, cultivent les Addad, ces termes d’origines mystérieuses et de sens opposés. La fonction des arabesques dynamique de Kharamidov, comme celle des Addad est ainsi d’explorer les lieux limites d’interpénétrations du profane et du sacré. La déité est inaccessible et ne se manifeste jamais directement à l’homme. La rencontre de l’humain et de Dieu ne peut se faire que dans le déchirement, dans les ruptures, dans les lieux frontières. La création artistique est chez Kharamidov la forme suprême que prend la pensée quand elle doit se dépasser dans l’indépassable. Si Kharamidov appelle ses œuvres des isharat, c’est parce que ce mot arabe a la double signification de “signe” et de “parole”. Ses œuvres sont des “paroles-signes”, proches en cela de l’alphabet arabe qui joue à la fois de ses possibilités plastiques et de ses possibilités linguistiques: “Il est l’apparent et le caché” comme dit le Coran. Ce qui disparaît révèle ce qui est apparent, ce qui se dévoile révèle ce qui est voilé. Grâce aux contradictions acceptées, revendiquées, s’instaure une forme unique de pensée qui, dans un continuel dépassement du “même” et du “différent”, du “proche” et du “lointain”, du “fixe” et du “mobile”, s’approprie l’impensable. L’œuvre de Kharamidov a bien plus qu’une simple ambition plastique, elle est mystique au sens le plus profond du terme."

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