Randonneurs en forêt

Il est près de midi en cette journée d’octobre. Claudette Pérignon, Martine Duroc, Antoine Gambier et quelques autres, membres du club de bridge de Saint-Maur-des-Fossés, suivent depuis le début de la matinée le chemin de randonnée numéro 15 dit de la mare aux yèbles. Il tombe une petite pluie fine, presque froide, qui ne gêne en rien les marcheurs bien équipés de coupe-vent de nylon rose et de chapeaux de toutes sortes mais il est l’heure du pique-nique pour lequel chacun d’entre eux a apporté son sandwich et sa petite bouteille d’eau minérale. Heureusement, Antoine Gambier qui a organisé cette sortie connaît bien le parcours pour y avoir souvent accompagné des groupes: — On va arriver à une petite grotte, un petit abri sous roche qui nous permettra de nous mettre un peu au sec et de manger tranquillement. — Parfait, sourit Claudette Pérignon, je commence à avoir les pieds humides et l’estomac vide. — C’est encore loin?, ronchonne un vieillard longiligne que tout le monde appelle le docteur Marc parce que, avant de prendre sa retraite, il était, spécialiste du traitement des alcooliques chroniques mais qui, en réalité, s’appelle David Alfaro Siqueiros. — Une centaine de mètres… à peu près, répond Antoine Gambier, qui connaît part cœur la topologie de son secteur de marche. Effectivement, les randonneurs trouvent presque aussitôt peinte au pochoir bleu sur un rocher, la lettre qui signale les curiosités naturelles. Claudette Pérignon y pénètre la première: — Ouah, quelle odeur épouvantable, on dirait qu’il y a une charogne quelque part. — En effet, dit le docteur Marc en se pinçant le nez et ressortant aussitôt, c’est insupportable! Une bête blessée a dû venir crever là-dedans, encore un méfait des chasseurs locaux ou de quelques braconniers.