Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 759
Archives
26 avril 2012

Un couple parfait

La commissaire… la capitaine Albertine Mollet est une petite bonne femme sèche, visage en lame de couteau, nez très fin à l’arête longue séparant ses deux yeux à la façon d’un bec d’aigle et lui donnant un regard vif et profond. Elle porte la tête haute comme si elle était toujours à la parade. Cheveux mi-courts mal entretenus, raides, mal coupés qui trahissent une grande indifférence à l’apparence physique. Son caractère est à l’avenant : vive, presque agitée, autoritaire, détestant perdre son temps en futilités inutiles, elle n’a aucun complexe vis à vis des hommes qu’elle prend tous plus ou moins pour de grands enfants. Elle ne ménage pas ses subordonnés, exigeant toujours d’eux qu’ils soient à la limite de ce qu’ils sont capable de faire. Autant dire que si certains — ceux pour qui le métier de policier est une vraie vocation — la respectent et considérent que ce n’est pas par hasard qu’elle occupe son poste, la plupart ont du mal à la supporter: elle ne les laisse pas s’endormir dans le confort douillet d’une routine quotidienne. Ceux-là attendent avec impatience qu’elle puisse être nommée ailleurs.

Pourtant elle est mariée. Elle a rencontré un jour l’homme qu’il lui fallait: un doux philosophe tranquille qui n’est jamais vraiment sorti de l’adolescence et ne vit que dans le monde des idées. Son sens du concret est des plus sommaires et s’il n’avait pas eu d’abord sa mère, puis sa femme, pour le prendre en main, il aurait été incapable de survivre dans le monde tel qu’il est. Il pense, réfléchit, écrit des articles profonds qui n’intéressent personne mais qui lui prennent beaucoup de temps, qu’il parvient parfois à publier dans des revues que personne ne lit et qui, bien sûr, ne le rémunérent pas. Il n’a, comme ressource, que les leçons particulières qu’il donne, ici et là, à quelques bourgeois adolescents qui ne comprennent rien à ses explications et n’en demandent pas tant. Chacun y trouve son compte: les parents, moyennant une somme modique, ont la conscience tranquille du devoir accompli pour leur progéniture; la progéniture insoucieuse d’un avenir qu’elle sait assurée dans la chaussure, la boucherie ou la fringue, fait plaisir à ses parents et laisse le «professeur» rédiger leurs devoirs à leur place. Bref, tout baigne. Albertine aime son mari Rango qui se laisse suffisamment aimer pour lui avoir fait deux enfants: Kevin, âgé maintenant de quatre ans, et Karcher qui n’en a pas encore tout à fait deux.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité