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Écrits de Marc Hodges
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22 décembre 2011

L'amour ne se partage pas

Wanda et Becky :
On signe pas… Pas ça…

Becky, hésitante :
Je sais pas… C’est quand même un bouquin sur nos vies…

Wanda :
Justement

Blondie :
C’est bien le problème, je ne m’y reconnais pas, je n’y retrouve pas Bruce, ni l’esprit des FIVE B, ni surtout la fureur des LANDLORDS… Chacun des mots que nous prononcions était une plaie saignante, nous voulions écorcher le monde, mettre ses plaies à vif, c’est pour ça que les ados nous suivaient, pour ça qu’ils connaissaient nos chansons par cœur, qu’ils créaient partout des groupes de rock…

Joan, ironique :
Waw, un groupe christique… vous allez pas me dire que vous croyez à ces conneries ?

Becky, très agressive :
C’est parce que tu ne crois en rien que tu en es là où tu es, faire semblant de chanter du rock pour des ploucs dans des cafés minables de trous improbables. Tu n’as rien d’une artiste, tu peux pas comprendre…

Joan se lève, menaçante, s’approche de Becky, hurle :
Connasse…

On dirait qu’elles vont se battre, Blondie et Wanda les séparent. Ensemble :
Ça va, ça va, calme, calme… Nous sommes là pour discuter d’un bouquin, pas de nos vies…

Wanda :
Ce bouquin, c’est nos vies. Comment ne pas en parler ? Bruce a vécu avec chacune de nous, à des époques différentes. Et je l’ai aimé…

Becky :
Je l’ai aimé aussi…

Joan et Blondie, ensemble :
Je l’ai aussi aimé.

Blondie :
À des moments différents, de façons différentes mais… il nous a aimées. C’est pour ça qu’il nous a chargé de veiller sur sa mémoire.

Joan, très agressive encore :
Sa mémoire… Quand je l’ai rencontré, j’étais une gamine stupide, je n’ai pas vu le mec de cinquante cinq ans, fatigué, abruti par des années d’excès de substances diverses qui m’a pris dans ses bras au bon moment, un soir, dans une boîte de nuit, je n’ai vu que Bruce Norman, le guitariste des FIVE B, le créateur des LANDLORDS, le poète de Cat’s Woman et de Nobody’s Perfect, l’idole de deux générations d’adolescents. Quand le DJ a annoncé sa présence dans la salle, je n’ai eu qu’une idée, tomber dans ses bras… Ça n’a pas été très difficile… j’ai vite déchanté.

Blondie, ironique :
C’est le cas de le dire…

Joan, hurlante :
Ta gueule… C’est pas toi qui t’es retrouvée avec un mec qui ne croyait plus en rien, ne vivant plus que sur ses souvenirs, incapable de remonter sur scène, pleurnichant tous les jours sur sa gloire passée…

Blondie :
Personne ne t’as obligée à vivre avec lui…

Wanda et Becky :
Personne

Joan, se calmant :
Personne… si c’était si simple… Mais j’ai vécu avec lui parce qu’il m’aimait, il se raccrochait à moi comme un naufragé à une planche, me donnait l’impression que j’étais utile à quelqu’un, me faisait croire que je pouvais réveiller le rock…

Blondie, ironique :
C’est d’un romantique… Tu as quand même profité de son nom… Avec moi ça été plus simple : sexe, sexe, sexe…

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