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Écrits de Marc Hodges
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22 novembre 2011

De l'hyperfiction

Il est des vies qui semblent sans grand intérêt parce qu’elles s’inscrivent dans la courbe générale de ce que l’on considère comme une vie. A première vue, celle de Balpe est de ce genre, famille bourgeoise, héritier, notaire, vieux garçon, installé dans une petite ville tranquille proche de Paris, il faudrait être Flaubert pour écrire quelque chose d’intéressant à son sujet…

Je ne suis pas Flaubert, vous vous en êtes sans doute aperçu et j’ai beau creuser sa vie, je n’y trouve aucun mystère qui pourrait permettre d’introduire du suspens. Il y a bien longtemps que les petites aventures sexuelles plus ou moins quotidiennes d’un notable ne passionnent plus les foules.

Je pourrais aussi dépeindre ses petites médiocrités quotidiennes, par exemple ses rapports de dominant-dominé avec sa gouvernante, ses manies comme celle irrépressible de se ronger les ongles ou sa maniaquerie qui l’oblige à attribuer une place précise à chaque chose et même, d’une certaine façon, à chaque personne de sa connaissance… mais ça aussi a été depuis longtemps décrit et je ne peux rien apporter de nouveau sur ce terrain là.

Je n’ignore pas que le suspens consiste, dans une structure générale connue, à introduire sans cesse de possibles bifurcations locales, une multitude de variations sur un thème, susceptibles de stimuler l’attention du lecteur mais il faudrait que j’invente car, ce que je connais de sa vie est ce qu’est sa vie, l’honnêteté me contraint à dire ce qui est non ce qui aurait pu être.

Du moins dans ce récit car en ce qui concerne le personnage de Balpe dans Les ombres d'Albertine, c’est une toute autre affaire…

Diverses personnes, dont certaines semblent avoir lu assez attentivement mon hyperfiction, me demandent pourquoi j'ai consacré un blog à Jean-Pierre Balpe d'autant que ce que j'y rapporte n'est pas d'un intérêt fondamental et n'a qu'une incidence réduite sur les intrigues qui s'entrecroisent dans mon hyperfiction.

Ce n'est pas mon avis…

Ce que je tente avec mon hyperfiction, avec "La disparition du général Proust" et la dizaine d'autres sites sur lesquels elle se répand, c'est de faire coïncider la fiction avec la vie. Bien sûr, je n'ignore pas que cette affirmation est un des leitmotiv de la littérature qui semble y trouver comme une justification à son essentielle inutilité, mais ce n'est pas exactement ce que je recherche. Ni réalisme ni "la fiction est plus vraie que le réel"… Ma tentative est d'une autre nature, faire de la fiction un monde qui porte en soi sa propre réalité et n'a pas besoin de justification. Un univers vivant, impossible à figer, en expansion, en modification permanente, un univers fictionnel vivant comme un organisme et que l'on ne peut enfermer dans une quelconque immobilité…

D'accord pour ce délire me direz-vous mais… Balpe, là-dedans? Balpe ne m'intéresse pas en soi, pas plus que Ganançay ou Amanda Mayeranoff, il se trouve qu'il se situe à un niveau d'existence qui, lui, m'intéresse (j'aurais pu tout aussi bien prendre Jacques Chirac ou Charles Aznavour mais leurs positions de personnages publics, avant tout publics aurait faussé la lecture…) parce que cet individu existe comme vous pouvez facilement vous en apercevoir vous-mêmes, parce que vous l'avez peut-être déjà rencontré et que je le connais bien et qu'il est encore vivant puisqu'il bouge et proteste. Son niveau d'existence fictionnelle en acquiert un statut tout à fait particulier qui, à ce titre, m'intéresse.

Ceci dit, peut-être avez-vous, vous-même, trouvé d'autres raisons à sa présence et à ce blog qui lui est consacré.

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