De l'utilité des blogs

Je reçois des mails. Je reçois quelques mails. Pas beaucoup… Disons que j’en ai reçu deux — mais… qu’importe — disant que mon acharnement anti-B… avait quelque chose d’indécent et d’exhibitionniste. Je ne peux que renvoyer ces lecteurs aux sites où B… parle de moi pour qu’ils comprennent. Un autre me dit qu’il y a dans mes écrits comme du «dépit amoureux». Cette psychanalyse de jeu télévisé m’emmerde.

Un blog, c’est un blog… ça a un sujet, et son possesseur doit remplir ses pages avec CE sujet. Pour des raisons qui ne regardent que moi, j’ai choisi B… Après tout, c’est au moins aussi intéressant que «c la premier foi ke jparté en vac avc ma cherie (et sa mere lol) cété a st-tropez.tré bone vacance» avec une photo à chier ou «Je voudrais dire aussi a tous les stephanois ke je né pas fè ce blog contre st etienne mé pour lyon!!!!!!!!!!!! et ke moi je ne vous et pas insulter alor silvouplè un peu de respect !» Vous n’avez qu’à vérifier, vous n’aurez que l’embarras du choix. J’ignore ce que tout cela laissera comme traces pour l’avenir mais c’est à peu près du même niveau que les inscriptions relevées dans les latrines de Pompéi. C’est pas avec ça qu’on construit un futur. Mais passons… J’en ai rien à foutre. Comme Louis XIV (était-ce bien lui ?…) je ne peux que dire «après moi tirez la chasse !».

J’ai donc choisi B… Au moins il existe, il vit même et il n’est pas sans intérêt : il n’est pas surexploité par les médias qui l’ignorent, il est assez sportif, il a un caractère de chien (ce qui permet de rapporter quelques anecdotes à son sujet), il a un nom breton et méridional dont l’origine «balbus» signifie «le bègue» ou «l’imbécile», ce qui somme toute, est plutôt prometteur. J’aurais pu choisir Mashrab ou Nasreddine Hodja mais je crains que soit cela aurait fait raciste, soit — suivant les orientations de mes rares lecteurs — intellectuel. En tous cas des situations intenables. J’aurais pu parler de moi comme la plupart, mais je crois que j’existe ailleurs. J’ai donc choisi Balpe comme substitut et ce sera Balpe. Vous n’êtes pas obligés de lire. Vous en ferez ce que vous voudrez.

J’avais bien envie d’abandonner ce blog. Après tout il me prend du temps, ne me rapporte pas un centime. Il est vrai que j’ai assez de revenus pour vivre. Quand même, ce n’est pas une raison. En plus je suis persuadé que personne ne le lit mais ça, je m’en fous un peu, je n’ai jamais été beaucoup lu: 500, 2000 lecteurs… les chiffres ne m’ont jamais donné la moindre satisfaction. J’écris pour écrire, j’écris pour vivre, pour que mon temps ne passe pas à ramasser les poubelles des autres ou à enseigner la grammaire à des petits cons qui n’en ont rien à foutre pour devenir chauffeur routier ou pour hériter de l’usine de papa. Rien à cirer de tout ça, j’écris parce que je ne peux pas faire autrement. Qui peut le comprendre ?

Au fond, c’est pour cela que je m’entendais bien un moment avec Balpe avant qu’il ne se mette à jeter mon nom en pâture sur le réseau Internet. Il est comme moi: introverti, autosuffisant, pas par orgueil ni vanité ni trop grande estime de lui-même, non simplement parce que les épreuves de la vie, nous apprenant à ne compter que sur nous-mêmes, nous ont obligé à nous blinder. Voilà, c’est tout…

Une preuve ? Balpe m’a dit un jour qu’il n’avait jamais pleuré de sa vie, ni quand le seul enfant qu’il a eu avec une femme qui l’a depuis longtemps plaqué est mort d’une méningite, ni quand sa première femme l’a plaqué, ni quand la seconde l’a plaqué, ni quand il s’est cassé une jambe, ni quand il s’est cassé un poignet. Il dit qu’il ne sait pas… qu’il ne peut même pas imaginer ce que c’est que pleurer, soulagement ou accroissement de la souffrance? Bizarre, non? « Je suis un peu comme toi » lui ai-je dit alors « je regarde toujours le monde et ce qui m’arrive dans ce monde comme un spectacle et, lorsque je m’y suis engagé, c’est comme un acteur à qui on confie un rôle…