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Écrits de Marc Hodges
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25 mars 2011

Naissances

«Date: Fri, 13 Apr 2001 09:02:34 +0200
Subject: Re: Mail-roman "Rien n'est sans dire", courrier N°1
From: "Jean-Pierre BALPE" <jbalpe@away.fr>
To: "Eléonore Mazzoranna" <mazzoranna@packardbell.org>

Un accent turco-écossais? Vraiment ? Il en fait un peu trop, non?

Bienvenu sur terre petit Clément! Que les fées se penchent sur ton berceau et que le baiser des muses te soit bonheur!

Mais pourquoi naître justement ce jour où Stanislas réapparaît - en si piteux état - à Berlin? Ou est-ce l'inverse? Stanislas t'aurait-il attendu avant de se faire repérer? Mais alors comment savait-il que tu étais arrivé?

Évidemment Clodo c'est un bon truc pour disparaître tout en restant là à pouvoir observer tout ce qui se passe et tout ce qui se trame. Alors on attend son histoire avec impatience. Comme on attend Monsieur X samedi en début d'après-midi sur France-Inter. Ou me trompé-je? Ce n'est pas une affaire d'état mais une histoire de... »

Comment utiliser le langage si vous ne faites pas confiance à ce qui vous est dit ? Croyez-moi, je ne mens que juste ce qu’il faut pour passer de la réalité à la fiction… Me voilà à nouveau à Paris pour quelques jours et, même si le rythme habituel de rencontres, débats, réunions que certains d’entre vous connaissent… me laisse assez peu de temps, j’ai décidé, par fidélité à mon ancienne amitié, de lui consacrer chaque jour le temps nécessaire à la rédaction d’un message. Ce sera donc, la plupart du temps, en fin de soirée… Mais, sur ce point particulier, leurs horaires d’expédition en diront assez.

La naissance et la jeunesse de Stanislas, que certains d’entre vous connaissent, n’ont rien d’habituel, elles expliquent une bonne partie des pièges dans lesquels il a pu ultérieurement se laisser prendre: il est en effet un des produits les plus étranges de ce monde d’alors déchiré en deux blocs. Le père de Stanislas, petit hobereau écossais, était en effet officier dans ce qu’il restait de l’armée des Indes quand, en 1957, envoyé en mission pour l’OTAN à Istanbul, il fit la connaissance d’une merveilleuse jeune femme tatar, fille d’un militaire transfuge. Stanislas ne m’a pas dit comment ils se rencontrèrent mais l’époque, le lieu, la profession des parents respectif, laissent déjà supposer qu’il pourrait en être fait un roman. Quoi qu’il en soit, Stanislas naquit à Bruxelles le 23 août 1959. Il y vécut trois ans, puis partit avec ses parents pour le petit manoir familial de son père dans les environs d’Edimbourg où il passa les cinq années suivantes éduqué comme un véritable petit nobliau écossais. Cependant, pour une raison qu’il dit lui-même ne pas connaître, un matin d’avril 1967, sa mère l’emporta à Istanbul retrouver son grand-père : ce furent quatre années de vie turque à la suite desquelles — par quel autre mystère de l’histoire ?—, son grand père repassa à l’est devenant commandant de la région militaire de Samarkand en Ouzbékistan où il resta quatre ans. Stanislas en avait quinze. Il était brillant élève, polyglotte quand sa mère, suivant un jeune attaché d’ambassade français, quitta en secret l’Union Soviétique et vint, avec lui, s’installer à Paris. C’est là que je l’ai connu, au lycée Henri IV où j’étais moi-même en première. Du même âge, nous sommes vite devenu amis car j’étais intrigué par les aspects non-convenus de sa culture comme les filles de la classe l’étaient par les aspects non-conventionnels de son accent et de son apparence physique. Pour le dire autrement, Stanislas avait une maturité, une aristocratie naturelle, un charme exotique indéniable qui nous séduisaient tous.

Aussi quand, pour mes dix huit ans et au vu de l’excellence de mes résultats en première année de prépa, mes parents m’offrirent une 2 CV, avons-nous décidé de partir en vacances ensemble pour faire un tour d’Espagne: nous ne sommes pas allés plus loin que Gibraltar et au retour nous étions trois.

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