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Écrits de Marc Hodges
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23 mars 2011

Des parents inquiets

Brooks se lève, prend un cigare dans l’humidificateur, l’allume.

- Tu pourrais pas arrêter de fumer ? Tu crois pas que tu fais vieux jeu ?
- J’arrêterai après le premier de l’an… promis !
- Si t’as pas promis cent fois… Cette semaine, il est même pas allé répéter avec son orchestre. Quand je m’en suis aperçu, il a pris un air ahuri, comme s’il tombait de la lune, m’a dit qu’il avait oublié. C’est bien la première fois.
- Il est peut-être amoureux. Tu sais, il est en pleine puberté, l’âge des grands amours, l’âge où le corps et l’esprit changent… surtout chez un garçon. Il est pas rare que, pendant quelques temps, ils soient taciturnes !
- Tu as peut-être raison.
- C’est ton premier garçon, tu t’inquiète pour une attitude que tu trouveras normale chez Tery quand il aura le même âge !
- Peut-être… J’espère. Quand même c’est pas son habitude de pas nous adresser la parole, Bart a toujours été un garçon bavard, curieux, ouvert… Maintenant, on dirait qu’il est enfermé sur son monde, qu’il marche dans un rêve intérieur, sans ouverture sur le réel !

Brooks s’approche de Sue, la prend par les épaules :

- Veux-tu que je lui parle ?
- Oui, elle hésite un peu, peut-être… Si tu as raison, si c’est quelque chose comme une crise d’adolescence, il vaut mieux que ce soit toi qui lui parles. Entre hommes c’est sûrement plus facile. Surtout s’il y a une question de fille.
- Bon, dit Brooks qui éteint son cigare, je vais le voir… Est-ce que ça te dérange si je lui propose une sortie à l’aéro-club ?
- Pas du tout, je crois que c’est une bonne idée. Il adore faire de l’avion avec toi et puis… vous serez plus tranquilles pour discuter tous les deux seuls.
- Ça t’ennuie pas que je t’abandonne un après-midi de Noël ?
- J’ai l’habitude d’être seule… Je serai plus tranquille ensuite.
- Bon, j’y vais.

Brooks monte les marches qui mènent à la mezzanine où donnent les portes des chambres. Il frappe à celle de Bart, n’obtient aucune réponse. Il insiste… Toujours pas de réponse, Brooks se décide à entrer. Bart a fermé ses stores vénitiens. La pièce, dans un silence absolu, baigne pourtant dans une lumière violente venant du mur écran : des spires colorées, rapides, tournent sur elles-mêmes semblant dans leur rotation surgir du mur pour envahir l’espace. Le centre virtuel qui leur donne naissance, suivant un deuxième mouvement spiralaire qui se superpose au premier, se déplace lui-même de façon insensible et ce lent décalage, interdisant à l’œil de se donner un point de repère stable, accentue l’effet de relief.

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