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Écrits de Marc Hodges
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21 février 2011

Récit de Stanislas

J’étais très occupé hier soir, peut-être même, un peu bouleversé par tous ce qui m’arrivait, aussi tu m’excuseras de n’avoir pas continué ma correspondance mais, outre que ma fatigue après la rencontre européenne sur l’avenir du livre, m’a contraint à me reposer pour donner ma conférence d’aujourd’hui, je ne suis plus jeune et il n’est plus dans mes coutumes de passer des nuits blanches… J’ai décidé en outre, pour ne pas user ta patience, parce que je sais le peu de confort de la lecture sur un écran, de ne t’adresser que des courriers brefs. Me permettras-tu aussi de mêler ma correspondance privée à cette correspondance quasi publique et de souhaiter aujourd’hui un bon anniversaire à celle qui ne manquera pas de se sentir concernée.

J’ai revu Stanislas ce matin: il était devant l’entrée de l’hôtel Aldon où je lui avais dit résider. Si tu te souviens de lui, il semble toujours prêt à se casser tant il est grand et maigre. Sous la petite bruine encore froide qui alourdissait la ville en ce matin d’avril, il paraissait vraiment pitoyable et je me demandais ce qu’il pouvait attendre de moi en plus du café que, avant de prendre le métro, je lui offris dans un bar tout proche. Il avait l’air encore plus anxieux, plus seul, plus bouleversé, si cela se peut, qu’il ne l’était hier mais aussi, devinant à son attitude combien il était indécis, je me gardais de l’interroger le laissant, autant qu’il le souhaitait, parler de lui-même. L’heure de ma conférence approchant, lorsque nous nous sommes séparés, il m’a demandé quand je quittais la ville. Lui ayant dit que je devais demain, en début de matinée, reprendre mon avion pour Paris, il a insisté pour que nous dînions ensemble. J’ai accepté et, parce que pour moi c’était plus pratique, lui ai proposé mon hôtel mais, pour une raison qui m’échappe encore, il a refusé, préférant me donner rendez-vous, du côté d’Hackescher Markt, dans un petit restaurant situé sous les arcades du métro.

Au cours de ce dernier repas, il a poursuivi son récit mais comme, devant ses complications et ses invraisemblances, mon regard devait manifester un certain scepticisme, il m’a soudain tendu une enveloppe me faisant jurer de ne l’ouvrir que le 15 avril. Dans l’attente de ma réponse, il semblait tellement anxieux que je lui ai promis, sur notre très ancienne amitié, qu’il en serait ainsi…

Vers minuit, nous nous sommes quittés: je lui ai donné ma carte lui disant de ne pas hésiter à me contacter mais, comme, depuis douze ans, il n’en avait rien fait, je pense que dans le futur il en sera de même et que je risque fort de ne plus avoir de ses nouvelles.

Après m’avoir raccompagné jusqu’à mon hôtel, il a disparu dans la nuit.

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